Alors que débute pour de bon la campagne pour l’élection présidentielle de 2007, le désarroi de la classe politique française est immense. Hantée par le spectre du 21 avril 2002 que le retour depuis longtemps annoncé de Lionel Jospin ne vient pas dissiper, elle s’achemine bon an mal an vers un nouveau traumatisme politique.
À droite, Nicolas Sarkozy fait désormais le grand écart entre libéralisme et étatisme, laisser faire et interventionnisme, dans un alliage baroque, fondu au nom du pragmatisme, qui exprime probablement une idée simple : je sais qu’il faut une « rupture » avec le manque de courage pour mener enfin une vraie politique libérale en France mais je sais aussi qu’avec ce discours je vais perdre l’élection.
À gauche, la compétition des hommes (et des femmes !) échoue à produire un débat d’idées, et Ségolène Royal, qui fait la course en tête, oblige ses poursuivants à se repositionner au fur et à mesure de sa godille idéologique personnelle. Un jour, elle emprunte au vocabulaire de la droite, sur la question de l’autorité notamment. Un autre, elle lorgne du côté de l’extrême gauche, en menaçant de retirer des subventions déjà accordées aux entreprises de sa région qui emploient des cne, bravant là les lois de la République.
Il est vrai qu’aucune leçon n’a été tirée des récentes élections, que ce soit celles de 2002 ou les élections régionales de 2004 et surtout le référendum sur le Traité constitutionnel européen du 29 mai 2005. La ligne politique est restée la même et, dès la mi-juin 2005, tout le monde semblait avoir oublié le coup de tonnerre du 29 mai qui surpasse pourtant, sur l’échelle de Richter des séismes politiques, le 21 avril 2002. Ce vote a eu en effet des conséquences pratiques : pour la première fois, le parti du non l’a emporté…