CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Si le gouvernement de Nestor Kirchner, au pouvoir depuis 2003, se présentait à ses débuts sous les traits d’un gouvernement de transition, pour sortir le pays de la crise, il semblerait qu’aujourd’hui certaines tendances politiques s’affirment, marquant profondément la géopolitique de l’Argentine : la reconstruction ou la réaffirmation du rôle des « frontières » et la redéfinition de la sécurité intérieure.

2Ces différentes politiques et conceptions s’inscrivent dans un jeu de miroirs, à contre-courant des orientations suivies par les gouvernements du péroniste Carlos Menem (1989-1999) et de Fernando De La Rúa, du Parti radical (1999-2001). Le modèle de développement alors mis en place, qui implosera en décembre 2001, s’appuyait, entre autres, sur une transformation des frontières (par la suppression des droits de douane) pour répondre à une insertion internationale caractérisée par l’ouverture commerciale et financière sans restrictions. Symbole emblématique de cette période, le transfert inachevé du siège historique de la douane du port de Buenos Aires aux mains de l’Institut universitaire national des arts (IUNA). Dans ses « relations charnelles [1] » avec les États-Unis, le gouvernement concevait la douane comme un « obstacle archaïque ».

3Aujourd’hui, non seulement les institutions douanières et leurs symboles ont étéréinvestis par la présence de l’État, mais de plus les rétentions aux exportations sont actuellement l’une de ses principales ressources fiscales, structurant ainsi sa capacité d’action sur la redéfinition de la frontière économique de l’Argentine. Suivant cette même logique, à la reconstruction d’une politique douanière s’ajoute la possibilité d’une politique monétaire flexible, favorable à l’exportation. La fin de la « convertibilité », qui impliquait un ancrage au dollar nord-américain, permet en effet de redessiner les contours d’un espace économique propre, accompagné dans les premiers mois du gouvernement actuel par la « récupération » des 17 « monnaies parallèles [2] » qui circulaient dans les provinces et qui constituaient autant de frontières internes qui remettaient en question la souveraineté de l’État sur son territoire.

4Autre rupture vis-à-vis des gouvernements précédents, peu importe que ce soit suivant un dessein de légitimation politique, la centralité de la politique des droits de l’homme dans l’agenda du gouvernement. Alors que Alfonsín Menem avait mis un « point final » aux procès des militaires, ce gouvernement fait tout pour les rouvrir. À la revendication de justice, cohérente avec la volonté politique d’inscrire le gouvernement dans le sillage des revendications générationnelles de secteurs progressistes, s’ajoute la volonté de refonder la légitimité sociale des forces de l’ordre, que ce soit dans le cadre de l’armée ou dans celui des forces de police, sur la base d’une séparation des fonctions et missions la plus stricte possible. N’oublions pas que le discours de campagne de Carlos Menem, en 2003, cherchant son troisième mandat s’appuyait, entre autres, sur la proposition d’utiliser les forces militaires à des fonctions de police. La désignation par le président de Luis Tibiletti au poste de secrétaire de la Sécurité intérieure en juillet 2005 est à ce propos significative de cette rupture. La transcription de cet entretien, réalisé en avril 2006, avec cette figure clé du gouvernement de Nestor Kirchner nous permet de comprendre le contenu substantiel qui est donné à cette transformation des frontières et de la sécurité.

5En effet, Luis Tibiletti, ex-capitaine de l’armée, renvoyé en 1980 par le dictateur Galtieri [3] car il ne partageait pas la « philosophie du processus », condense dans sa trajectoire et ses opinions la position du gouvernement actuel. Militant de longue date du Parti justicialiste (péroniste), directeur des frontières de 1985 à 1990, puis sous-secrétaire de la Sécurité intérieure, il fut l’un des architectes de la loi de Sécurité intérieure élaborée en démocratie, à partir de 1983, et l’un des principaux défenseurs de la séparation entre les forces militaires et les forces de police. Professeur dans l’université publique, il partage la vision de l’actuelle ministre de la Défense Nilda Garré [4], nommée en décembre 2005, de « désenclaver » les forces de l’ordre de leurs espaces corporatistes, fermer les lycées militaires et les instituts de policiers et développer des formations dans le cadre des études universitaires.

6L’entretien que nous proposons avec le chef des polices en Argentine est une porte d’entrée à la compréhension de la façon dont les frontières et la sécurité sont pensées dans un pays qui tente de sortir de l’une de ses principales crises et qui construit sa place dans un continent latino-américain en pleine mutation. Dans cet échange, nous avons abordé bien évidemment la conception de la sécurité intérieure et des frontières, la question incontournable du fédéralisme en Argentine, de la criminalité aux frontières, ainsi que les violences urbaines dans les grandes villes et la transformation des rapports entre les forces de l’ordre et la société.

7Hérodote. – Née à l’École de guerre des États-Unis en 1949, la doctrine de la sécurité nationale, selon laquelle les forces armées avaient pour mission de lutter contre la subversion communiste, a été appliquée avec férocité durant la dernière dictature militaire (1976-1983). En tant que responsable de la Sécurité intérieure pour le gouvernement de Nestor Kirchner, quelle est votre lecture du passage de l’utilisation de conceptions liées à la sécurité nationale à celles qui s’articulent autour de la sécurité intérieure ?

8Luis Tibiletti. – J’ai participé personnellement à la rédaction de la loi de la Sécurité intérieure et, justement, l’une des premières questions que l’on nous posait concernait le concept de sécurité intérieure. Il y a deux réponses : une plus universitaire et une autre plus formelle, législative, normative. Cette dernière se définit de la façon suivante : « Aux fins de la présente loi, la sécurité intérieure est définie comme la situation de fait, fondée sur le droit dans lequel se trouvent protégés la liberté, la vie et le patrimoine des habitants, leurs droits et garanties ainsi que la pleine vigueur des institutions du système représentatif, républicain et fédéral qu’établit la Constitution nationale. » Telle est notre définition de la sécurité intérieure. D’où vient ce concept ? De l’effort réalisé, à partir de la transition [démocratique], par un ensemble d’acteurs politiques, qui partagent la conviction, aussi bien depuis le péronisme que depuis le radicalisme, de la nécessité de changer toute la structure conceptuelle et doctrinaire que l’Argentine avait sur cette question et d’abandonner tous les principes de la doctrine de sécurité nationale, adoptant un modèle le plus proche possible du modèle d’Europe occidentale. Le premier pas, lorsque la loi de Défense nationale a été élaborée, a été de mettre un article qui mentionne expressément que la sécurité intérieure fera l’objet d’une autre loi.

9En premier lieu, la sécurité intérieure est une politique publique, c’est-à-dire qu’elle doit être conduite politiquement. À cet effet, un organe de direction de la Sécurité a été créé, appelé secrétariat de Sécurité intérieure, que je préside. En second lieu, la loi fera référence au concept de respect du système fédéral. Il est rappelé que les provinces sont antérieures à la nation et qu’elles n’ont pas délégué la sécurité au gouvernement national, mais plutôt que la sécurité relève de chaque province et que, par conséquent, la loi prévoit des mécanismes de coordination au niveau national.

10Hérodote. – Dans ce cadre, comment s’établit le rapport entre les provinces et l’État national en ce qui concerne la sécurité intérieure ?

11Luis Tibiletti. – La relation de la nation avec les provinces est une relation de pairs dans un conseil que préside normalement le fonctionnaire national. Évidemment, il y a une forte tradition historique héritée de l’Espagne, selon laquelle, de la même façon que la défense est du ressort des militaires, la sécurité est du ressort des polices. Étant donné que, dans les provinces, il n’y a pas une grande capacité à mettre en place des institutions policières et des politiques publiques de sécurité, ce secrétariat a une marge d’initiatives au sein du conseil pour développer ses actions. Par exemple, la loi de décembre 2002 a créé un nouveau système d’« intelligence [5] » en Argentine. À partir de là, nous avons impulsé le fait, par exemple, que les provinces créent leur propre direction provinciale d’intelligence criminelle pour leurs polices. Comment ? À celui qui fait preuve de la volonté de la mettre en place, nous lui donnons l’équipement et la formation, c’est-à-dire que nous utilisons la vieille méthode de la cooptation, de la nation vers les provinces. Cela n’est pas un commentaire du secrétaire mais plutôt de l’analyste. La réalité est que si l’on demande aux provinces le montant de leur budget de sécurité, elles répondent la somme des salaires des policiers. Cette idée de faire de la sécurité une politique publique, c’est bien joli en théorie, mais dans la réalité c’est compliqué. L’idée que je défends est que la sécurité n’est pas un problème de policier; il faut qu’il y ait une direction politique et, pour que la direction politique soit possible, il faut des outils de direction : budget, personnel, équipement, formation, etc. Tel est d’une certaine façon notre défi.

12Hérodote. – Dans le cadre de cette reformulation des institutions qui participent de la sécurité intérieure, et compte tenu du processus d’intégration régionale, quelle est votre conception de la notion de frontière ?

13Luis Tibiletti. – J’ai été, il y a deux ans, coordinateur général de la Direction nationale des frontières. Aujourd’hui, le directeur travaille avec moi et m’aide à redéfinir pourquoi nous voulons une Commission nationale des zones de sécurité qui, entre autres fonctions, interdit aux étrangers d’acheter des terres dans les zones de frontière. La question que nous nous posons est de savoir ce que signifie la frontière aujourd’hui en Argentine dans un processus d’intégration. Du point de vue de la sécurité, les accords de Schengen sont notre modèle. Le problème est que, à cause du terrorisme, l’Europe a commencé à reculer sur les accords de Schengen. Du point de vue de la défense, nous sommes dans un processus que notre loi de Défense appelle l’« hypothèse de confluence »; par conséquent, ce sur quoi nous travaillons en permanence, c’est comment agir ensemble au niveau mondial, avec les Brésiliens, les Chiliens, les Uruguayens et les Argentins. La ministre de la Défense, Nilda Garré, vient de dire qu’il faut reformuler la doctrine de défense parce que nous ne pouvons pas continuer à travailler dans une logique de dissuasion et certains disent qu’il faut passer à la logique de « suffisance défensive [6] ». Le problème est que, en Europe, cela fait vingt ans qu’ils suivent cette logique et qu’ils disent que cela a été un piège qui les a empêchés d’avoir une capacité militaire conjointe au niveau européen. De plus, la « suffisance défensive », en réalité, est fondée sur le maintien des frontières qu’il faut protéger d’une possible invasion [...]. Ce qui explique que l’on dépense beaucoup [pour la défense] mais que, en même temps, l’Europe n’a les moyens de résoudre aucun des problèmes où qu’ils se présentent dans le monde et doit passer le relais aux Nord-Américains.

14Hérodote. – Dans ce contexte, comment abordez-vous la notion de frontière aujourd’hui en Argentine ?

15Luis Tibiletti. – Disons que je pourrais donner une réponse politique : pour nous, la frontière est le principal espace où commence la politique d’intégration [régionale]. La raison d’être de la frontière aujourd’hui est d’être le lieu où se construit sérieusement le processus d’intégration et où va se renforcer et s’étendre cette conception, comme dans tous les pays du monde, depuis la frontière entre la France et l’Espagne jusqu’à la nôtre avec le Brésil et le Paraguay. Comme me l’a dit un jour un gendarme : « La frontière ce n’est ni un couvent, ni une maison close, c’est un mélange. » C’est le lieu où nous devons être très attentifs à la sécurité intérieure, parce que c’est le lieu où tous les trafics illégaux ont lieu : trafic illégal des personnes et de la drogue, des explosifs, des armes...

16Hérodote. – Dans le cadre du débat actuel sur la « fin des territoires » selon lequel nous sommes dans un monde de réseaux et de flux, comment est-il possible de penser la politique de sécurité intérieure ?

17Luis Tibiletti. – En réalité, on fait de grands discours sur la lutte contre la drogue, pour laquelle on dépense énormément de ressources humaines et matérielles pour freiner ce trafic et découvrir quelqu’un qui rentre par la frontière avec trois kilos de cocaïne quand tout le monde sait que, tous les jours, circulent 3 millions de tonnes de cocaïne dans les ports du monde entier et que personne ne peut les contrôler parce qu’il est impossible de contrôler le transport maritime. On peut donc découvrir un chargement de 3000 kg de cocaïne, mais la réalité est qu’ils peuvent passer ce qu’ils veulent, car il est également impossible de contrôler le transport terrestre. Que nous reste-t-il alors ? Les renseignements, rien d’autre, du renseignement, toujours du renseignement, encore du renseignement. En comptabilisant les conteneurs qui circulent par les ports de n’importe quel pays du monde, quel pourcentage contrôle-t-on ? On n’arrive même pas à 0,1 %. Mais bon, il faut dépenser une quantité incroyable d’argent à contrôler qu’aucun camion, qu’aucune « mule [7] » ne passent la frontière. Les prisons de la gendarmerie sont remplies de « mules ». Je m’interroge parfois sur la logique de tout cela. Tant qu’au niveau international on ne change pas les critères, il faut continuer à travailler dans ce sens, avec ces règles du jeu.

18Hérodote. – Quelle politique spécifique développez-vous au niveau du Mercosur pour faire face à ces problèmes de sécurité intérieure ?

19Luis Tibiletti. – Dans le cadre du Mercosur, nous sommes actuellement en train de signer les actes de la réunion des Commissions techniques des ministres de l’Intérieur. Qu’y fait-on ? Nous discutons sur la manière de nous coordonner pour que nos frontières ne soient pas un lieu par lequel il nous arrive de tout sans qu’on ne le sache... Le problème est de savoir si nous voulons inscrire ces questions dans le cadre du « terrorisme » ou non. Pour le Brésil et le Venezuela, les FARC ne sont pas des terroristes. Aussi n’en parle-t-on pas en ces termes au sein de la Commission générale de coopération de sécurité... Nous avons créé des outils, comme le système d’information de sécurité du Mercosur. En vérité, il n’y a rien à inventer, nous suivons la voie tracée par l’Europe. Notre inquiétude, c’est que l’Europe déconstruit ou revient en arrière en matière de frontière ouverte. Pour le moment, nous imaginons un modèle dans lequel nous maintenons le système plus ou moins classique, mais avec beaucoup d’échanges d’informations comme forme de protection. Ce n’est pas la libre circulation, comme cela a été fait en Europe, mais ce n’est pas non plus un lieu infranchissable.

20Hérodote. – Justement, l’une des questions dont on parle beaucoup au niveau international et qui est très sensible, c’est la question de la triple frontière (Brésil, Argentine, Paraguay), notamment du fait de la présence d’une importante communauté musulmane dans la zone. Comment est abordée cette question aujourd’hui en Argentine ?

21Luis Tibiletti. – À ce propos, la première page d’un journal titrait : « Finalement, on a vérifié que les fonds d’appui à Al-Qaïda circulaient depuis la triple frontière. » Comme c’est le journal de l’opposition [8], il titre de la sorte pour mettre le gouvernement dans une position délicate vis-à-vis des États-Unis et faire le jeu du Comando Sur (commandement américain de l’hémisphère Sud, Southern Command [SouthCom]) qui veut installer une base à la triple frontière sous n’importe quel prétexte. Ce fut d’abord le narcotrafic, puis le terrorisme et, quand ils en ont fini avec le terrorisme, ils ont commencé à parler de la traite des personnes. Quand leDépartement d’État [des États-Unis] dit : « Ici, il n’y a pas de terroristes », le Département de la Défense, en particulier le Comando Sur, a commencé à dire : « Bon, il faut voir le problème de la traite des personnes, car c’est un problème connexe au terrorisme. » Là, on voit bien la logique à laquelle je fais souvent référence : ils vont toujours dans le même sens. Pourquoi n’a-t-on pas titré : « Finalement, on a démontré que 80 % du blanchiment d’argent passent par Manhattan » ? Pourquoi est-ce nous qui avons un problème et non les Nord-Américains ? Vous vous rendez compte de la logique perverse?

CARTE 1.

LA « TRIPLE FRONTIÈRE » (PARAGUAY, BRÉSIL, ARGENTINE )

CARTE 1.
CARTE 1. – LA « TRIPLE FRONTIÈRE » (PARAGUAY, BRÉSIL, ARGENTINE )

LA « TRIPLE FRONTIÈRE » (PARAGUAY, BRÉSIL, ARGENTINE )

22Hérodote. – La triple frontière est toujours présentée comme le lieu de tous les trafics. Qu’en est-il ?

23Luis Tibiletti. – Le problème, c’est que s’est forgé un concept appelé « triple frontière » qui n’a aucun statut juridique. Il y a des affaires au Brésil, des affaires au Paraguay et peu d’affaires en Argentine, parce que la partie argentine limitrophe avec le Brésil et le Paraguay est infime, il n’y a pratiquement pas de mouvement commercial, un peu de tourisme, qui provient de Puerto Iguazú [Argentine]. En revanche, tout le mouvement commercial et de personnes, le trafic de drogue et autres [armes] se font entre Ciudad del Este [au Paraguay] et Foz de Iguazú [au Brésil] et non en Argentine. Nous avons commencé à dire, à chaque fois que quelqu’un nous parlait de « triple frontière » : « Excusez-nous, à quoi faites-vous référence ? À la frontière du Brésil avec l’Argentine, à celle entre le Paraguay et le Brésil ou à celle avec l’Argentine ?» En Argentine, il n’y a aucun problème, il ne se passe rien, pour le reste demandez au Brésil [9].

24Depuis 1990, avec la chute du mur de Berlin, les États-Unis ont commencé, vis-à-vis de l’Amérique latine, à vouloir remplacer l’ennemi du mouvement communiste international, comme disaient les documents des conférences de l’armée du SouthCom, par le narcotrafic, comme si un pourcentage important et significatif de la drogue qui circule dans le monde passait en camion et en voiture par cet endroit, quand tout le monde sait qu’il passe d’une autre façon. Bref, un grand mensonge. Ensuite, avec la question du « terrorisme » en Colombie, ils ont commencé à parler de « narcoterrorisme » et, après le 11 septembre, directement de terrorisme. Il est vrai que nous aussi nous sommes inquiets par la création ou le fonctionnement de cellules terroristes islamiques, car en Argentine nous avons souffert de deux attentats d’origine islamique [attentats à Buenos Aires, contre l’ambassade d’Israël en 1992 (29 morts, 292 blessés) et contre la Mutuelle de la communauté juive (AMIA) en 1994 (85 morts, 300 blessés)]. Mais ils ont pu rentrer en Argentine par là, par le port de Buenos Aires, par Iquique [Chili] ou par n’importe quel endroit de l’immense frontière Argentine.

25Hérodote. – Mais, précisément, la triple frontière est dénoncée comme un sanctuaire pour les réseaux terroristes du Hezbollah...

26Luis Tibiletti. – Il y a effectivement une énorme communauté islamique [10] qui vit dans la zone, expulsée par l’invasion israélienne au Liban [1978]. Ce sont des combattants qui fêtent leur jour du combattant et ils sortent avec leurs drapeaux du Hamas et du Hezbollah, partis politiques légaux, surtout le Hezbollah qui siège au Parlement du Liban. Alors quelle est la différence entre cette communauté et celle des Irlandais de Devoto [quartier de Buenos Aires, ville de forte immigration européenne]? Quelle est la différence, qu’ils envoient de l’argent au Hezbollah ou que les Irlandais envoient de l’argent à l’IRA ? Le Hezbollah est plus légitime au Liban que l’IRA en Angleterre. Les États-Unis se sont-ils inquiétés de contrôler les fonds des familles irlandaises de Devoto ? De plus, nos communautés islamiques sont venues ici à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, elles sont les propriétaires de la moitié de l’Argentine, et n’ont rien à voir historiquement, religieusement et culturellement avec personne [d’autres communautés islamiques].

27De plus, la cohabitation de toutes les communautés religieuses et nationales en Argentine est un modèle pour le monde entier, et il en a toujours été ainsi. Par exemple, quand il y a eu la guerre des Balkans, dans le Chaco [province du Nord argentin], des Serbes, des Croates et des Bosniaques sont sortis manifester ensemble pour la paix. Et nous n’avons jamais eu, même aux pires moments, après les attentats, des affrontements entre la communauté juive et la communauté islamique argentines. Ils n’y ont même pas pensé.

28Alors, c’est très difficile, quand les « gars » du Comando Sur, avec tout l’argent qu’ils ont, veulent se consacrer à inventer tous les jours qu’il y a du terrorisme à la triple frontière. Nous [Argentine, Brésil, Paraguay], on a voulu huiler les mécanismes avec le Département d’État et avec toutes les agences de sécurité des États-Unis. C’est pour cette raison que nous faisons des réunions qui s’appellent 3+1. Il y a un commandement conjoint à la triple frontière qui sert simplement à la coordination des opérations de circulation de l’information de pays à pays.

29Dans le cadre de ces réunions, dans le dernier rapport de situation, il a été déclaré qu’il n’y a pas d’indices d’activité terroriste. Ce qu’il y a, comme dans toute zone de frontière, c’est un grand volume de marchandises et, comme au Panama ou n’importe où ailleurs, il y a une circulation de devises qui peuvent servir à appuyer des activités terroristes. Mais, je répète, il vient juste d’être démontré que cette circulation de devises ne peut seulement se faire qu’à travers les banques des États-Unis, à Manhattan.

30Hérodote. – La volonté des États-Unis, réaffirmée récemment, de mettre en place une base militaire à la triple frontière a-t-elle modifié la problématique ?

31Luis Tibiletti. – Cela fait de nombreuses années que les États-Unis ont ce qu’ils appellent une unité d’appui permanente pour pouvoir atterrir à Pedro Juan Caballero, situé de l’autre côté de la triple frontière, dans le Chaco paraguayen. Pourquoi sont-ils là ? Parce qu’ils disaient que c’était là que se produisait le plus de marihuana. Avec cette excuse, ils s’installent. En fait, ils s’installent là où ils peuvent. Il n’y a aucun changement dans la présence des États-Unis au Paraguay, alors, quand ils parlent de base, je demande « quelle base ?». Celle de Caballero ? Ils ont toujours été là. Cela fait des années qu’ils utilisent l’aéroport pour toutes les opérations du Comando Sur, depuis l’appui sanitaire, la construction des routes, et tout ce qu’ils font dans les pays latino-américains.

32Hérodote. – Nous avons abordé la question de la sécurité aux frontières externes de l’Argentine. Mais, dans une Argentine secouée par la violente crise de 2001, qu’en est-il de la situation et en particulier dans les grandes agglomérations urbaines ? Au regard des contrôles observés aux portes de la ville de Buenos Aires ou dans les quartiers difficiles du Grand Buenos Aires, comment avez-vous identifié ces espaces ? Quel est le rôle de la gendarmerie ?

33Luis Tibiletti. – La gendarmerie est née comme une force vouée à la protection de la frontière, comme une branche de l’armée. En 1952, elle est séparée de l’armée et mise sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, de même que la préfecture maritime. La préfecture est différente, car c’est une institution héritée de la colonie espagnole. Après le coup d’État contre Perón [1955], on remet la gendarmerie sous la dépendance du commandement en chef de l’armée, et la préfecture sous la tutelle du commandement en chef de la Marine. C’est-à-dire que l’armée retrouve un rôle central en matière de défense et de contrôle des frontières. [Avec le retour à la démocratie], la loi est modifiée par décret et l’on transfère la préfecture, la gendarmerie, la Direction des frontières, pas comme telle, mais tous ses organes (la Commission des zones de sécurité, la Direction des postes de frontière) dans le cadre du secrétariat de la Sécurité intérieure.

34Bien évidemment, la gendarmerie est celle qui garde le plus de missions liées à la défense, à la planification militaire, en référence à une hypothèse de défense dissuasive ou de « suffisance défensive ». La gendarmerie joue le rôle de ce que l’on appelle la sécurité stratégique opérationnelle, c’est-à-dire que c’est la première ligne de défense du pays. Et la gendarmerie continue à s’entraîner pour cette fonction, mais petit à petit elle comprend que son avenir professionnel est dans la fonction de maintien de la sécurité intérieure.

35Hérodote. – En décembre 2003, le déploiement de la gendarmerie dans les zones identifiées comme dangereuses dans les banlieues de Buenos Aires a donné lieu à un vif débat. Ces opérations de maintien de l’ordre ont été dénoncées par les organisations des droits de l’homme comme la criminalisation de la protestation sociale et de la pauvreté. Comment analysez-vous la situation ?

36Luis Tibiletti. – Plusieurs lectures sont possibles. Une d’entre elles, c’est que la gendarmerie essaye de se transformer en gendarmerie française ou en garde civile espagnole, ou encore en carabiniers du Chili. Où est le problème ? C’est que notre système est fédéral. Lorsque la gendarmerie, comme institution pendant la période où elle n’était l’objet d’aucune attention, a créé ses propres logiques corporatistes, comme n’importe quelle corporation, elle s’est imaginée devenir une espèce de gendarmerie française ou de carabiniers chiliens. Mais la France comme le Chili sont des pays unitaires et centralisés, alors la fonction de police s’exerce du haut vers le bas. Même en Espagne, où on parle d’autonomie, la sécurité dépend du délégué du gouvernement, dans chaque communauté autonome. En Argentine, la gendarmerie a commencé à se transformer en une force permanente d’appui aux fonctions policières dans des zones où la sécurité était devenue compliquée. La loi prévoit, en plus des conseils provinciaux de coordination, la possibilité que, à la demande du gouverneur, se constitue ce que l’on appelle un comité de crise. Face à une situation de crise à laquelle le gouverneur ne parvient pas à faire face avec ses propres forces policières, il peut demander l’appui au gouvernement national.

37C’est ce qui s’est passé dans le Grand Buenos Aires, après la crise de 2001. La débâcle sociale a créé une armée d’un million de personnes qui ne travaillent pas, n’étudient pas, ne font rien et qui sont une main-d’œuvre encline au délit. Cela a inquiété le gouvernement. Et l’on a créé le comité de crise pour la banlieue et décidé d’employer la gendarmerie pour surveiller certains quartiers utilisés par les délinquants comme refuge.

38Deux conceptions s’opposèrent alors pour résoudre la question de la sécurité. La première était celle de la gestion antérieure à celle d’[Alberto] Iribarne [11], qui pensait selon la logique de la sécurité intégrale. C’est-à-dire, suivant cette logique, la gendarmerie allait s’occuper de la « cumbia villera[12] ». Pour nous, c’est-à-dire pour [Alberto] Iribarne et pour moi, c’est un retour à la doctrine de la sécurité nationale. C’est prétendre résoudre les problèmes depuis l’optique sécuritaire, en se fondant sur une théorie ridicule du sentiment d’insécurité du citoyen à laquelle s’adonnent certains enquêteurs désœuvrés. Ce qu’ils font, quand ils enquêtent sur la perception de l’insécurité du citoyen, consiste à demander : « Avez-vous peur de perdre votre travail ? Avez-vous peur de ne pas être accepté à l’hôpital ? Avez-vous peur que le système éducatif ne permette pas à vos enfants de poursuivre leurs études ?» Tout cela, ils l’appellent « insécurité » et la logique perverse, c’est de vouloir donner une réponse à tout cela en luttant contre l’insécurité. C’est absurde. Je ne dois pas donner à manger pour qu’il y ait plus de sécurité, je dois donner à manger parce que c’est l’obligation de l’État, c’est pour cette raison qu’il y a un État. Je ne dois pas assurer l’éducation des gens pour une raison de sécurité, je dois assurer l’éducation des gens parce que c’est la seule façon de créer une société plus équitable.

39Ce que nous avons fait en premier lieu, c’est que la gendarmerie ne soit là que pour contrôler l’entrée et la sortie, un point c’est tout [13]. C’est-à-dire pour éviter que les délinquants utilisent certains refuges. Tout le reste, c’est le problème des services sociaux de la nation et de la province. En second lieu, ce que nous voulons, c’est sortir la gendarmerie de ces lieux. Pour cela, la province de Buenos Aires a créé une police de proximité, la fameuse Police Buenos Aires 2, qui n’a pas de fonctions administratives locales mais seulement des bases opérationnelles et qui, au fur et à mesure qu’elle se formera, remplacera la gendarmerie. L’idée est que, à court terme, la police de la province assume toute la sécurité de la banlieue, et nous démonterons le comité de crise.

40Hérodote. – L’un des phénomènes remarquables qui accompagne la crise de 2001 est la multiplication des organisations sociales, en particulier celles des chômeurs qui ont recours, comme mode d’action, à l’interruption de la circulation, « el piquete ». Comment êtes-vous intervenu sur ce thème ?

41Luis Tibiletti. – Belle question politique ! Le mécanisme du « piquete » comme forme de manifestation est né comme l’expression d’une crise sociale, dans deux lieux qui avaient connu une chute brutale des conditions de vie, produite par la privatisation de YPF [14] à Neuquén [Patagonie] et à Tartagal [province de Salta]. Les « piquetes » [barrages routiers ou blocages des installations pétrolières] sont nés là parce que des populations qui avaient un excellent niveau de vie lié à l’activité pétrolière ont été victimes de la tertiarisation des activités économiques. Cela a mis une énorme quantité de personnes au chômage, produisant un effondrement, un « krach » social terrible dans deux communautés, à Zapala [province de Neuquén] et à Tartagal. C’est cette situation qui a créé la pratique du « piquete ». Cette pratique, mécanisme de ce que l’on pourrait appeler la lutte de classes mais qui est plutôt une lutte des exclus, s’est beaucoup renforcée quand s’y sont ajoutées les classes moyennes pendant les événements de la crise de 2001. Là le « piquete » prend un sens politique : c’est une énorme effervescence anti-establishment politique. C’est lié au fait que les syndicats ne pouvaient rien maîtriser parce qu’ils s’étaient effondrés avec la crise; la même chose vous arrive aussi avec la classe moyenne  [15], qui sort dans la rue parce qu’elle n’a pas de syndicats qui la représentent.

42Hérodote. – Qu’est-ce qui a changé depuis la crise de 2001 ?

43Luis Tibiletti. – Le processus enclenché ces trois dernières années est un transfert de ce mode de lutte [piquetes et assemblées] vers des luttes syndicales. Regardez la liste que je reçois tous les matins des luttes sociales : manifestations des employés d’hôpitaux pour le paiement de leurs salaires, employés du métro qui demandent une renégociation de leur accord collectif de travail pour faire partie du syndicat, car c’étaient des travailleurs tertiarisés; policiers qui demandent une augmentation de salaire, etc. Aujourd’hui, c’est un jour tranquille. Quand vous avez des syndicats, vous avez à nouveau des interlocuteurs. Quand vous avez des interlocuteurs, c’est plus facile de faire de la politique et de ne pas avoir recours à la force.

44Hérodote. – L’une des formes de gestion du conflit entre les forces de l’ordre et les organisations sociales a été de réduire au maximum le recours à la force. Comment cela a-t-il été intégré par la police ?

45Luis Tibiletti. – Comme tout ce qu’a fait Kirchner : dans un rapport de force. Le président a dit : « Sans les armes : devant les manifestants, la police va désarmer. » La Police fédérale a répondu : « Ce type est fou, nous, on y va avec les armes. » Kirchner leur rétorque : « Ah, vous y allez avec les armes, parfait, 115 policiers rentrent à la maison. Sans armes [16] !» Ça s’est passé comme ça, tout doux, à la Kirchner. En fait, je ne pense pas qu’il y ait un processus de réforme au sein de la police. Ici il y a eu une décision politique qui a été d’en finir avec cette vieille phrase militante « Police fédérale, la honte nationale ». C’est fini, la Police fédérale est une force professionnelle qui exécute les ordres du pouvoir politique et qui doit améliorer son image devant la société et sa manière d’éteindre les incendies sociaux, non pas en jetant de l’huile sur le feu, mais en diminuant le niveau de confrontation.

46Hérodote. – Nous avons vu ces dernières années la création de nouvelles polices, dans la province de Buenos Aires ou dans la ville de Buenos Aires. Comment ces innovations s’inscrivent-elles dans votre politique de sécurité intérieure ?

47Luis Tibiletti. – Théoriquement, le ministre de l’Intérieur est toujours responsable de la sécurité nationale, mais bien évidemment les caractéristiques de la ville de Buenos Aires font que le gouvernement [le chef de la ville est élu depuis 1996] a demandé de plus en plus de participation dans la politique de sécurité. C’est un débat permanent qui se pose dans les termes suivants. Vous savez que la ville autonome de Buenos Aires n’est ni une province ni une municipalité, c’est quelque chose de semblable à Washington D.C. Quelle est la situation ? Tous les législateurs, les gouvernements, les partis politiques de la capitale réclament une police propre à Buenos Aires. Tous les législateurs demandent que l’on déroge à la loi de protection des intérêts nationaux pour la ville de Buenos Aires. Quand le débat arrive au Congrès [de la nation], les législateurs des autres provinces leur disent : « Ça nous semble excellent, nous sommes disposés à modifier la loi, afin que vous puissiez avoir votre police. On est tout à fait d’accord. Payez-la. Nous n’allons pas continuer à payer la sécurité de la ville qui a l’un des indices de développement les plus élevés. » À ce moment, les législateurs de la ville de Buenos Aires disent : « Parfait, rendez-nous le pourcentage de coparticipation que vous nous prenez des impôts fédéraux. » C’est une histoire sans fin.

48Hérodote. – Pouvons-nous dire après ce que nous venons d’entendre que l’expression « sécurité nationale » n’existe plus ?

49Luis Tibiletti. – C’est difficile de répondre, notamment quand on lit dans la presse le « secrétaire de la Sécurité nationale, Luis Tibiletti » sous la plume d’un journaliste qui doit certainement appartenir à un parti de gauche, mais qui écrit le « secrétaire de la Sécurité nationale ». Bien évidemment, le concept de sécurité nationale comme principe organisateur du fonctionnement des agences a disparu. Mais, par ailleurs, on pourrait dire qu’il continue à exister quelque chose comme la sécurité nationale, sauf que l’on préfère l’appeler sécurité intérieure et défense nationale. Car cette idée appartient à la période de la guerre froide. Pour les Russes, c’était la souveraineté limitée, pour les Nord-Américains, la sécurité nationale. Ce qui ne veut pas dire qu’il y ait plein de monde travaillant dans la « National Security », mais eux, ils entendent cela comme la projection de la défense à l’étranger. Leur sécurité nationale, c’est le monde, et leur intérêt, c’est le monde.

50Buenos Aires, avril 2006

Notes

  • [*]
    Luis Tibiletti (secrétaire de la Sécurité intérieure). Marie-France Prévôt-Schapira (université Paris-VIII-Credal). Alexandre Roig (IDAES, Instituto de Altos Estudios Sociales, université nationale San Martin).
  • [1]
    L’expression est de Carlos Escudé, politologue de l’université du CEMA. Elle a été le leitmotiv de la politique étrangère des années 1990.
  • [2]
    À partir de l’année 2000, face à des problèmes fiscaux et de liquidités dans les provinces, différents gouvernements provinciaux décident d’émettre des bons notamment pour payer les fonctionnaires publics, créant ainsi leur propre politique monétaire. Ces bons ont circulé comme des « quasi-monnaies » ou « monnaies parallèles ». Ils ont été rachetés par le gouvernement national en 2003 et le peso est redevenu la seule monnaie nationale en circulation.
  • [3]
    Membre de la junte militaire (1976-1983) dirigée par J. R. Videla. Nommé à la présidence de la République par la junte en 1981, responsable de la guerre des Malouines (1982).
  • [4]
    Nilda Garré, député du FREJULI durant le second gouvernement péroniste (1973-1976), militante des droits de l’homme durant la dictature, élue député national pour le FREPASO (1995-1999). Elle a été ambassadrice de la République bolivarienne du Venezuela de juin à décembre 2005.
  • [5]
    Référence au concept nord-américain d’« intelligence », qui correspond aux activités des Renseignements généraux et des services secrets.
  • [6]
    Ce concept, adopté dans les années 1990, fait référence à la défense du territoire et, en même temps, à l’abandon de la capacité d’attaquer par surprise ses voisins ou de pénétrer en profondeur le territoire de ses voisins. Dans ce sens, il s’oppose à la logique de dissuasion.
  • [7]
    Le terme de « mule » désigne les personnes qui transportent de la drogue dans leur corps après l’avoir ingurgitée.
  • [8]
    Référence au quotidien La Nación, article du 6 avril 2006 « Revelan lazos entre la red Al-Qaeda y la triple frontera » (www. lanacion. com. ar).
  • [9]
    Le Paraguay a été dénoncé par la presse brésilienne comme une zone sanctuaire toujours utilisée par le crime organisé, notamment lors des violences déclenchées par le Primer Comando de la Capital à São Paulo, en mai 2006 (180 morts).
  • [10]
    Il n’y a pas de chiffres officiels, mais on estime à 50000 personnes la communauté arabe présente dans les villes de la triple frontière, tout particulièrement à Ciudad del Este.
  • [11]
    Alberto Iribarne est l’actuel secrétaire de la Sécurité. Le secrétaire précédent auquel il fait ici référence est Juan José Alvarez sous la présidence d’Eduardo Duhalde.
  • [12]
    Sorte de rap de style tropical qui dénonce la situation sociale dans les villas miseria (bidonvilles), musique associée aux quartiers difficiles et à la délinquance.
  • [13]
    « Asentamiento policial en tres villas del conurbano », Pagina/12, 15 novembre 2005.
  • [14]
    Yacimiento Petrolíferos Federales : compagnie pétrolière argentine privatisée durant le ménemisme, rachetée par la compagnie espagnole Repsol.
  • [15]
    Référence aux diverses manifestations contre le CPE qui se déroulaient en France lors de l’entretien (mars 2006).
  • [16]
    Référence au renvoi d’officiers et de sous-officiers de la Police fédérale argentine.
Français

Comment sont pensées les frontières et la sécurité en Argentine, dans un pays qui tente de sortir de l’une de ses principales crises et qui construit sa place dans un continent latino-américain en pleine mutation? Dans cet entretien avec Luis Tibiletti, secrétaire de Sécurité intérieure, sont abordées la conception de la sécurité intérieure et des frontières, la question incontournable du fédéralisme en Argentine, de la criminalité aux frontières ainsi que les violences urbaines dans les grandes villes et la transformation des rapports entre les forces de l’ordre et la société.

Luis Tibiletti
Marie-France Prévôt-Schapira
Alexandre Roig [*]
  • [*]
    Luis Tibiletti (secrétaire de la Sécurité intérieure). Marie-France Prévôt-Schapira (université Paris-VIII-Credal). Alexandre Roig (IDAES, Instituto de Altos Estudios Sociales, université nationale San Martin).
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/12/2006
https://doi.org/10.3917/her.123.0149
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