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Processus de sevrage : sans alcool, sans mot, sans affect

1 Dans le cadre d’une cure de sevrage de quatre semaines [1] auprès de patients alcoolo-dépendants, notre expérience clinique nous a permis d’observer un phénomène singulier engendré par ce processus de sevrage : une alexithymie réactionnelle. Ce fonctionnement, qui s’atténue considérablement par la suite, M. Monjauze l’attribue à la perte de cet « objet-alcool » (2001), objet qui était devenu, au fil de ces années, le dernier, le seul, engloutissant et anéantissant tout le reste de leur vie.

2 De ce fait, les rencontres avec ces patients en période de sevrage alcoolique ne nous ont laissé au départ, en réaction à ce fonctionnement, qu’un sentiment de vide, de paralysie, tant au niveau affectif qu’élaboratif. Mais distinguons dès à présent les termes de « vide », de « rien » ainsi que de « négatif » qui seront employés tout au long de cet article, afin de partager le plus fidèlement notre expérience. Nous utilisions en effet auparavant ces trois appellations de manière plus ou moins confondue, mais après réflexion, nous nous les représentons de manière graduelle, émanant d’un cheminement de notre pensée et de nos ressentis dans cette rencontre avec le malade alcoolique.

3 Ainsi, selon nous, le « rien » apparaîtrait comme premier dans cet échange : pas d’affect, pas d’angoisse. Nous nous contentions, étonnamment, de constater que ces patients ne pensent « rien », ne nous laissent « rien » après leur départ. La première impression était ainsi celle du « rien », ce rien que nous associons au néant, à l’inexistence, et de ce fait, à l’absence même de ressenti face à cette absence. Et ce manque de pensée, d’élaboration, que nous pourrions même qualifier de « manque du manque », chez le patient comme en nous, ne nous a d’abord aucunement alertées. C’est d’ailleurs ce phénomène qui, à distance, nous a conduites à cette réflexion et à notre intérêt pour ce fonctionnement alcoolique.

4 Une fois ce « rien » ressenti et conscientisé, s’est révélé à nous le « vide ». Cette prise de conscience a en effet permis de réanimer nos émotions : quelle angoisse (névrotique, avouons-le) de fait que de ne rien penser, que cette contagion de paralysie psychique ! Nous avons alors été envahies, à la place de ces patients, et sans doute sur leur demande inconsciente, par cette douleur qu’est le manque et qu’ils ne paraissent, en cette période de sevrage, pouvoir supporter. Ce terme de vide, le plus prégnant dans notre article, se rapporte selon nous à un trou béant, à une absence cruellement éprouvée. Cependant, le vide alcoolique, et nous l’expliciterons au cours de cet écrit, est de notre ressenti d’un tout autre registre. Étonnamment, ce vide ne nous semble pas angoissant puisqu’au départ il ne nous était même pas apparu. Sans doute dénié, ce vide est un vide psychique, un phénomène paralysant, évaporant toute pensée, y compris la pensée de la pensée. Ce vide psychique défensif chez le malade alcoolique vient contaminer, « attaquer » notre propre psychisme, sans même que nous en ayons conscience.

5 Après mûre réflexion, nous choisissons également d’employer le terme de « négatif », terme freudien notamment (1912), émettant ainsi l’hypothèse que ce vide ne l’est peut-être pas tant que ça. Vouloir remplir ce vide de sens est-il un mouvement défensif de notre part ? Possible. Mais cette clinique du vide qui nous a saisies tout au long de ces rencontres est pour nous également une clinique du négatif. Entendons-nous, ce terme « négatif » appelle deux métaphores : la métaphore photographique, le « négatif » de l’image s’opposant point par point à son « positif » ; la métaphore morale, où le « négatif » prend alors une consonance péjorative, et au pire, s’oppose au « positif » comme le « mal » au « bien ».

6 Quand Freud (1912) parle de « négatif », c’est toujours guidé semble-t-il par la première de ces métaphores, ce qui sera également notre cas. En effet, cette clinique du négatif s’impose à notre esprit, de par l’expérience contre-transférentielle, comme une rencontre dans laquelle les codes sont inversés, le discours est vide de sens et les silences seuls sont à entendre, le corps parle bien plus que les mots… Et la complexité est bien là : il s’agit du nôtre ! C’est en effet notre corps qui sera réceptacle de l’indicible et de l’irreprésentable, dans cette transmission inconsciente du négatif (théorie du transgénérationnel amenée notamment par Abraham et Torok, 1975 ; Eiguer, 1987 ; Houzel, 2010 ; Kaës, 1989). Et ce sera ainsi l’objet de notre article : expliciter, dans une approche psychopathologique et psychodynamique, l’expérience contre-transférentielle si complexe, en lien avec la pulsion de mort, face au malade alcoolique en période de sevrage. Dans cette rencontre, nous sommes, cliniciens, thérapeutes, soignants, les traducteurs, les interprètes d’un langage masqué et inversé, sous couvert de ce vide premier et insaisissable.

7 Car, de fait, en quittant ces premiers entretiens avec le patient alcoolique en sevrage, il ne restait aucune trace, tout au mieux une anesthésie blanche et enveloppante. Qu’en comprendre ? Quelque chose ne se passait pas, la rencontre avait été comme manquée. « Pas de demande », concluait-on rapidement, sans entendre cette demande biaisée, ambivalente, ou bien entendue comme « trop de demande » : celle de solutions magiques, demande faite à la toute-puissance du soignant. La demande, plus implicite qu’explicite, se doublerait, se masquerait d’une commande qui est conjugale, familiale, sociale : « prenez-le » et « soignez-le » (Descombey, 1994).

Approche théorique de l’alcoolisme

Définition

8 « Est alcoolique tout homme (ou femme) qui a, de fait, perdu la liberté de s’abstenir de consommer de l’alcool. » À cette courte définition de P. Fouquet (1955), J.-P. Descombey (2005) y ajoute l’indispensable « perte de liberté de boire ». Car l’alcoolisme répond donc à un bien triste paradoxe, tout comme sa prise en charge, que souligne M. Monjauze : « Puisque l’alcoolique ne peut se passer d’alcool, il devra s’en passer » (1991).

9 Selon les auteurs, l’alcoolisme est plus considéré comme un symptôme qu’une entité morbide (Knight, 1937), une tentative d’autoguérison (Ferenczi, 1911), pseudo-organisatrice (Lasselin, 1979) – désastreuse, certes – de recréer un type de relation perdue… ou jamais atteinte. « Poison de la censure » (Abraham, 1908), « narcotique de la conscience » (Bergler, 1957), « personnalité pré-morbide orale et narcissique » (Fenichel, 1945), « Thanatol » le nomme F. Perrier (1975), « il est en son for intérieur un décevant chronique » (Perrier, 1982).

Oralité et relation aux imagos parentales

10 L’alcool s’impose chez l’alcoolique chronique comme le principal objet réel. En témoignent ainsi, bien connues et consécutives au sevrage, les dépressions illustrant cette perte cruelle et omnipotente que représentait l’objet-substitut-alcool. Ni objet transitionnel ni fétiche, l’alcool est plutôt une imago, objet idéal (Perrier, 1975), corps réel à incorporer censé faciliter les rapports à l’autre : « tous pareils, comme des frères », il évite l’altérité. Ce que l’alcoolique retrouve dans l’aboutissement de l’ivresse, c’est cette indifférenciation primitive dans laquelle rien n’est retenu, tout est liquide.

11 L’anamnèse de l’alcoolique révèle souvent des conditions précaires ou défectueuses, découvrant séparations et traumatismes précoces, carences parentales, mauvais traitements, holding maternel défaillant. L’environnement hostile est souvent connoté par l’alcoolisme des parents, corrélé, comme on le sait, à l’alcoolisme futur de l’enfant. La mère, idéalisée par les patients, a investi (partiellement) l’enfant mais pas ou mal tenu, comme en un abandon partiel, réel ou psychique. L’incapacité à être seul (Winnicott, 1969) en est corrélative. La mère archaïque, empêtrée dans ses problèmes névrotiques, voire « addictive », n’a pu être intégrée, introjectée. Si les cicatrices traumatiques sont muettes, le silence de la relation maternelle y est certainement pour une large part, comme les vicissitudes de l’imago paternelle, créant ce vide d’un rendez-vous manqué auquel les malades alcooliques nous convient, sans cesse (de Mijolla et Shentoub, 1973).

Topique et psychopathologie de l’alcoolisme

12 Dans le secteur « alcoolique » du Moi (de Mijolla et Shentoub, 1973), la réalité, tant extérieure qu’interne, est, nous l’avons dit, condensée dans un seul objet : l’alcool. Ce secteur, clivé, apparaît difficilement accessible – tant pour nous que pour le patient – et en proie à des angoisses et des défenses archaïques, régi par les processus primaires. C’est donc toute une partie du psychisme qui, inélaborable, inassimilable par le Moi, est reléguée là, comme en une sorte de « Moi-poubelle » (Descombey, 1994).

13 Une défaillance narcissique primaire et prégnante, qui semble être originelle chez l’alcoolique, M. Balint (1968) la nomme « zone de défaut fondamental ». En effet, on connaît l’extrême fragilité de ces sujets à la moindre frustration, faisant sans cesse appel à des prothèses narcissiques, la moins négligeable est celle d’identité d’alcoolique, la seule qui puisse se soutenir, les soutenir, en particulier dans le vis-à-vis groupal des associations « néphalistes » (Descombey, 1994).

14 La dépression essentielle (Marty, 1968a ; Rado, 1933) est le plus souvent latente, évitée par l’alcoolisation. Premier antidépresseur (préventif !) connu par l’homme, apparence de soulagement, quitte à se trouver plus mal encore dans la dépression du lendemain. C’est de lui-même que l’alcoolique fait l’interminable deuil, la perte de l’objet « concerne le perdant dans son être, non dans son avoir » (1968).

Processus de sevrage et alexithymie réactionnelle

15 Soulignons alors la parenté des addictions alcooliques, en particulier en période de sevrage, et des affections dites « psychosomatiques ». Le parallèle frappant des descriptions du fonctionnement alexithymique (Sifnéos, 1973) d’une part et apsychognosique d’autre part est un premier élément (Descombey, 1985). Littéralement, ils relèvent tous deux d’une difficulté à lire, identifier, distinguer, nommer ses affects, comme s’ils n’avaient pas d’inscription psychique.

16 J.-L. Pedinielli (1992) pointe que « les personnes alexithymiques sont des patients atteints d’une maladie psychosomatique et non des névrosés ». La « pensée opératoire » décrite par les psychosomaticiens implique bon nombre de critères dont une relation « blanche » avec le thérapeute, dont on n’observe qu’un discours technicien, désaffecté, qui se retrouvent dans le fonctionnement singulier alcoolique.

Discours alcoolique et aspects du contre-transfert

Discours sevré

17 Les premières rencontres avec ces patients nous ont donc laissé des impressions, voire des sensations, de paralysie, d’anesthésie, d’engourdissement, termes corporels pour évoquer notre état psychique, ce qui n’est pas anodin à l’abord de cette problématique alcoolique, qui ainsi partage beaucoup avec les pathologies psychosomatiques.

18 L’approche de l’alcoolisme a donc longtemps été considérée comme une clinique sans discours : « dialogue de sourds », « silence alcoolique », il est de fait souvent bien difficile de se souvenir du contenu de l’entretien que l’on a eu avec un malade alcoolique. A. de Mijolla et S. Shentoub (1973) ont d’ailleurs décrit le poids de ce langage « prêt-à-porter », cliché dépersonnel voire anonyme, faisant penser à une « parole vide », le néant d’une rencontre sans échange. Dans ce discours manifeste, le déni est maître. La mort n’a pas droit de cité, ce qui est un comble chez des sujets qui passent leur vie à accélérer leur mort. Se présentant comme des trompe-la-mort, ils y courent pourtant par la répétition de leurs alcoolisations (Descombey, 1994).

19 Le discours alcoolique, du moins au moment du sevrage, est « infra-langage », ce que M. Lasselin (1979) appelle « corps-respondance », corps-à-corps dans l’immédiateté du processus primaire. Le discours manifeste est ainsi lesté lourdement par un certain nombre de non-dits : alcool, maladie, corps, temps, sexualité, mort…, qualifiés de « mauvaise foi », d’absence de problèmes psychiques profonds, ou encore de dénégations. C’est plutôt le déni de l’insupportable, de l’inassumable, que notamment P. Fouquet (1971) et plus récemment J.-P. Descombey (2005) ont nommé apsychognosie. Terme appartenant aux neurosciences, définissant « des troubles de la conscience de soi » par la perte de la capacité de se voir, de se juger par rapport aux autres et à soi-même, l’apsychognosie est employée dans la clinique de l’alcoolisme comme notion pathognomonique de celle-ci, afin de caractériser l’opacité de la vie psychique d’un être qui n’est ni sujet ni objet, qui vit dans un présent immédiat, sans véritable anxiété ni culpabilité, avec désintérêt de soi et de son corps.

20 Le discours de l’alcoolique nouvellement sevré est donc empreint, envahi, d’absences, de privations, dans un discours « en creux », en négatif. En proie à la désaffectation, d’amentalisation, ces phénomènes privatifs dans le discours viennent dénoncer l’évitement quasi vital de tout affect, de tout conflit et de toute élaboration, qui semblent, en cette période de sevrage, trop dangereux à vivre et d’autant plus à verbaliser par le malade alcoolique. Les mots paraissent en effet sans impact, dévitalisés, et résonnent « vide » chez l’interlocuteur. Écorché vif, l’affect semble de nature traumatique, au sens d’incapacité d’élaboration de l’afflux d’excitation. J. McDougall (1989) le caractérise de « pôle psychique [qui] reste blanc, l’expression est réduite au versant somatique », chez des sujets « plus tendus vers le faire que vers l’être » (Descombey, 1994).

21 C’est du même coup la perte, dans l’appareil psychique, de la communication avec soi-même (McDougall, 1989), la dévitalisation : « Comme si une partie morte aurait menacé de devenir vivante, et devait, presque à l’instant même, être de nouveau rendue sans vie, ni sensibilité, ni signification » (Descombey, 1994).

22 Par conséquent, le silence, classique dans la rencontre, n’est pas facteur ici de création, d’interprétation, mais de « silence de l’inconscient », de mort psychique, de « néant irreprésentable, indicible, métamorphose de la mort » (1994). Et nous ne pouvons alors que partager l’injonction de J. McDougall : « Ne pas faire ma morte car ce serait rejoindre la mort psychique que l’on sent chez le patient » (1989). Ce discours-écran non élaboré ne cherche donc pas à communiquer (au sens de « révéler », « informer ») pensées et affects, mais à les faire éprouver par le clinicien, les lui faire ressentir comme quelque chose qui n’a pas encore de nom.

23 Il n’y a pas d’autre moyen de se saisir de ces pseudo-communications, sinon par l’analyse du reçu contre-transférentiel.

Contre-transferts contre déni

24 A. de Mijolla et S. Shentoub abordent les réactions face au patient alcoolique en termes de contre-investissement, le plaçant en « seul instrument de mesure », énergie associée que doit mobiliser le « Moi névrotique du psychanalyste pour se cramponner à une réalité qui se délite » (1973).

25 M. Monjauze le nomme sans détour « contre-transfert », au vue des effets d’identification projective : « Ma survie psychique, ma capacité de penser, sont très fortement attaquées » (1991) et « c’est pourquoi, la plupart du temps, nous sommes aveugles et sourds à la psychopathologie alcoolique. C’est notre normalité que nous préservons en voyant les alcooliques comme des gens sans volonté, victimes de l’environnement socioculturel » (2001).

26 J.-P. Descombey (1994) préfère, lui, le terme de « contre-attitudes » – des soignants, médecins, psychiatres, infirmiers – révélatrices, partie intégrante de la clinique de l’alcoolisme, fournissant selon lui une voix de choix, sinon royale, vers la problématique du patient, ne serait-ce que pour découvrir sa souffrance à travers celle qu’il provoque en nous. Rejet, dégoût, ennui et lassitude nous envahissent, nous thérapeutes, au point de provoquer notre désintérêt pour ce genre de malades. Dans la rencontre, en particulier en période de sevrage, ils parlent seuls, devant nous, qui que nous soyons, quoi que nous disions ou ne disions pas. Comme s’il fallait que notre présence réelle soit gommée. La dépression peut même nous saisir : sensations d’abattement, d’épreuve ; sans doute en perte objectale, corrélative de notre blessure narcissique. Et ces effets peuvent aller jusqu’à la haine, ressentie, mais pas toujours facile à repérer ou à s’avouer car honteuse. Le plus souvent, les contre-attitudes dites « négatives » ne sont pas perçues directement mais au travers de nos rationalisations. « Mauvaise foi » et « mensonges » traduisent la colère (sourde, au sens plein du terme) avec ces patients fraîchement sevrés qui « ne parlent pas » (Clavreul, 1971). La réparation est aussi notre désir, en réponse à des désirs plus ou moins conscients du patient, des demandes implicites de maternage, de remplissage sans fond. C’est pourquoi derrière aide, compréhension de principe, il y a si souvent, dans les relations thérapeutiques, malaise, impression de dialogue de sourds, malentendu. On pourrait appeler cela les « faux positifs » (Descombey, 1994).

27 Les contre-attitudes les plus courantes s’organisent donc, de diverses manières, autour d’un déni du fait psychopathologique dans l’alcoolisme (Descombey, 1984-2004), qui plus est dans le processus de sevrage alcoolique. Le fait essentiel est la paralysie du fonctionnement psychique du thérapeute : il se trouve dans l’incapacité d’associer, de penser, d’élaborer, de fantasmer. Il y a stase sans issue, sevrage des mots, manque à être et à penser et, à la fois, fascination et anéantissement. C’est pourquoi le déni est le mécanisme défensif de prédilection. Déni qui n’est pas ici celui d’une réalité extérieure mais déni de la réalité psychique même, de la psychopathologie au sens freudien du terme (Freud, 1901).

28 Dans toutes nos contre-attitudes « joue tout ce que nous sommes, personnellement, avec nos problématiques, nos tâches aveugles, nos filiations et bagages théoriques, les failles de ceux-ci » (Descombey, 1994). Ainsi comprendra-t-on que l’ambivalence de nos contre-attitudes répond aux clivages des patients selon qu’une identification y est possible ou non, acceptée ou non. Il apparaît donc nécessaire de prêter en permanence attention à ses propres contre-attitudes, afin de nous permettre à nous, thérapeutes, de penser, d’être libre de penser.

29 Présentons maintenant notre rencontre avec Mme R., qui nous a inspiré en grande partie notre réflexion sur la présence et l’influence de la pulsion de mort dans la clinique de l’alcoolisme.

Vignette clinique

Mme R., 41 ans, est hospitalisée à la suite de chutes à répétition, des pertes de connaissance et des amnésies qui seraient imputables à son état d’ébriété. Un sevrage y a alors été effectué et il lui a été conseillé une cure plus longue. C’est donc sa première démarche de soin.
Elle a deux fils, un de 22 ans et l’autre de 14 ans habitant avec son ex-mari. Divorcée, Mme R. a retrouvé son « amour de jeunesse » et est actuellement en couple avec lui. Elle présente de nombreux troubles somatiques : érésipèle chronique, infections, ulcère, et polynévrite aux membres supérieurs et inférieurs (invalidité de travail depuis quatre ans), se déplaçant avec une canne voire un déambulateur.
Rencontrés à 14 ans, Mme R. et cet homme se sont retrouvés il y a dix ans, alors que Mme R. se savait trompée par son mari. C’est à cette époque qu’elle aurait commencé à consommer régulièrement de l’alcool avec lui. Elle explique que cet homme « boit depuis toujours ». Détachée, elle reprend les propos des médecins qui « ne comprennent pas qu’il soit toujours vivant ». Huitième pancréatite, prothèse du pancréas, diabète, son compagnon pèse actuellement 50 kilos. Ils semblent partager périodes d’alcoolisation et d’abstinence. Elle se dit inquiète pour son compagnon, ne connaissant pas sa consommation en son absence, et espère qu’il sera abstinent avec elle à son retour.
Mme R. interroge l’équipe infirmière quant à ses capacités à aborder son rapport à l’alcool : « Même sans alcool il y a des gens qui, à 40 ans, peuvent avoir des difficultés pour marcher, se déplacer… » Elle ajoute en entretien : « Oui, j’y pense pas du tout ici ! Pas du tout ! Même que j’oublie que je suis là pour l’alcool, je m’en rappelle quand je vais souffler [test d’alcoolémie], je me dis, ah oui, c’est vrai, je suis là aussi pour ça ! Mais sinon j’oublie, j’y pense pas, je me dis que je suis là pour me remettre en forme, dans une maison de repos, quoi. »
Un rapport médical énumère les antécédents de Mme R. : éthylo-tabagisme chronique, asthme, imv aux benzodiazépines, neuropathie des membres inférieurs (polynévrite alcoolique), tumeur du sein gauche, hystérectomie, appendicectomie, cholécystectomie. La psychiatre du service nous apprend que le père de Mme R. est lui aussi alcoolique et est aujourd’hui hémiplégique (plusieurs avc).
Éléments de la relation thérapeutique
Madame R., de bon contact, relate son parcours de vie avec une facilité manifeste. Mais pendant l’entretien, nous venons cependant interroger ce qu’elle provoque en nous. La réponse est rapide : rien. Alors que son apparence, son corps malade, qu’elle exhibe en symptôme, en langage, nous questionneront tout au long de la prise en charge. Mme R., 40 ans à peine, en paraît presque soixante, sa silhouette apparaissant très dégradée. Le tabac semble presque plus en cause que l’alcool, responsable d’un physique grisâtre, terne. Et son discours n’éveille rien en nous, exceptée à l’abord de la relation retrouvée – et osons-le dire, mortifère – avec ce « premier amour ». Elle décrit en effet cet homme dans une situation somatique catastrophique, et nous n’entendons ni ne voyons toujours pas d’émotion en elle. Notre ennui dans son récit nous intéresse alors : comment ne rien ressentir face à cette mort qui vient les grignoter tous deux, les nerfs pour l’une, le pancréas pour l’autre ?
Bien qu’il soit le maître de ces dégradations manifestes, l’alcool est le grand absent du discours de Mme R. Et il n’est pas le seul d’ailleurs. Il est évident que Mme R. s’est bien gardée de toucher les sujets sensibles. Ironie pour cette femme qui souffre d’anesthésies douloureuses… En effet, à l’abord de ses zones d’ombre, son regard devient noir, vide, absent. On a alors presque l’impression de se retrouver face à la partie morte de son Moi. Dans ses yeux. Dans sa tête. Dans la nôtre. Il y a quelque chose d’à la fois fascinant et terrifiant à constater cet effet, ce changement.

Discussion : sevrage alcoolique, clinique du vide et du négatif

30 Tournées d’abord vers l’intérieur et visant l’autodestruction, les pulsions de mort tendent à la réduction complète des tensions, c’est-à-dire à ramener l’être vivant à l’état inorganique, et seraient secondairement dirigées vers l’extérieur, se manifestant alors sous la forme de la pulsion d’agression ou de destruction (Laplanche et Pontalis, 1967). Freud (1920) est ainsi conduit à poser l’existence d’une pulsion de mort par la prise en considération, dans des registres très divers, des phénomènes de répétition : il y voit la marque d’une force irrépressible, voyant dans la pulsion de mort la pulsion par excellence, de par notamment son caractère régressif. Car la compulsion à répéter est à la fois un phénomène temporel et la négation du temps.

31 Ce qui prend d’ailleurs cruellement sens dans la rencontre de sevrage alcoolique. La mort est là, mais non pas la mort comme castration ultime, tout au plus, parfois, la destruction, sans doute ; mais également l’infigurabilité. C’est par une sorte d’automatisme de répétition de traumatismes, accidents, rechutes, maladies, que, de « se faire loi de n’être pas soi-même » (Perrier, 1975), dans « une histoire sans paroles », cette autoagressivité opère. Car la répétition mortifère et le « travail en silence » (« la mort sans phrase ») sont bien ce qui peut le plus caractériser la pathologie alcoolique, et vient envahir et nécroser la relation thérapeutique durant le sevrage.

32 La pulsion de mort a envahi nos entretiens comme elle a envahi notre psychisme. Fermant les yeux sur sa présence dans la rencontre alcoolique, c’était pourtant bien elle qui agissait, et qui agit encore, dans l’ombre, silencieuse, sur le patient en sevrage comme sur nous. Nous nous questionnons encore longuement sur la prégnance en eux et l’action de cette pulsion de destruction, qui semble pouvoir tout tuer, tout ravager, tout saccager s’ils la laissent agir. Au lieu d’évoluer, de créer, de partager, la pulsion de mort – encore un sujet féminin, tout comme les patients parlent de l’alcool en tant qu’objet féminin, mère archaïque et toute-puissante – elle, tue, éteint tout, le bien comme le mal. Elle rend immobile, inerte, insignifiant, inexistant, absent, toute chose, et tout être.

33 C’est avec Mme R., ainsi que des patients d’autres cures, que la pulsion de mort s’est révélée à nous. Latente dans nos précédentes rencontres, de par leur fonctionnement à l’évidence pathologique, elle est plus qu’évidente avec certains patients, dont notre cas clinique. C’est bien simple, la mort est partout. À chaque point abordé, la maladie, les décès, le vide, apparaissent comme concluant l’histoire, la régissant. Cette impression morbide, mortifère, est très déstabilisante. Souriants, coopérants, ces patients nous apparaissent pourtant…, partiellement morts. Leur regard nous semble à la fois effrayé – donc effrayant – et vide. Le discours est lui aussi désarmant, sur un mode extrêmement factuel, alexithymique, manifestant un vide et une mort psychiques suffocants. Quant à Mme R., tout son être nous fait penser à la mort. « Éteinte » est ce qui qualifierait le mieux l’impression que nous laisse cette femme. En elle, quelque chose nous semble n’être plus ou n’avoir même jamais été. Ce qui n’est pas totalement faux, puisque sur le plan physiologique et neurologique, on constate des nécroses et ablations de plusieurs parties du corps. Ce qu’elle se refusait d’ailleurs de mettre en lien avec ses alcoolisations. Mme R. présente de fait son corps malade avec détachement, déni, plaintes multiples, corps dont elle accélère considérablement la dégradation et qui semble lui servir de mode d’entrée en relation avec autrui, amenant soins et étayage, permettant et alimentant le déni de toute réalité psychique.

34 Et ce regard… Bon nombre d’auteurs ont évoqué le regard alcoolique, qui accroche, qui prend possession, qui vient demander, supplier un étayage. Combien d’entretiens avons-nous en effet passés sans pouvoir lâcher le regard du patient, sans pouvoir en décrocher un instant, sans avoir peur qu’il tombe, s’effondre, voire disparaisse ou s’enfuie… Il est d’ailleurs peu aisé d’avoir conscience de ce phénomène, de cet agrippement, pendant le temps d’entretien. Ce n’est qu’après, en se sentant vidé de toute énergie et de toute pensée, qu’on comprend tout ce qu’on a porté malgré soi.

35 Cette sensation de portage physique, presque, ce phénomène de réceptacle qu’on a été pendant la rencontre ne reste qu’à l’endroit du corps, dans un premier temps. Et c’est en écoutant cette sensation pleinement, en s’y attardant, en s’attachant à ce vécu, luttant contre le déni ambiant, que le sens, la mentalisation pourront alors advenir. D’autant plus que si cette sensation, bien que très fréquente, n’est pas pensée, elle est vite oubliée, ne laissant que la pulsion de mort répéter ce vide anesthésiant. C’est là qu’elle nous est apparue de plein fouet, en nous questionnant sur cette notion de vide : car le vide est connoté, selon nous, comme une notion angoissante : c’est le néant, le trou noir.

36 Mais le vide alcoolique est bien différent des vides déjà ressentis dans d’autres rencontres et d’autres problématiques. Contrairement au fonctionnement psychotique par exemple, le vide alcoolique n’est pas terriblement angoissant, il n’est pas terrifiant, il n’est juste pas. Il n’est rien. Et si on ne prête pas l’oreille, on peut aisément ne pas l’entendre, oublier son existence. Ou plutôt, on peut oublier le manque d’existence de quelque chose, ou de quelqu’un. Ce vide nous paralyse, nous endort, tel un gaz incolore, inodore, qui nous tuerait dans notre plus grande ignorance, sans nous laisser la possibilité ni même l’envie de nous en débattre. Ce vide attaque et tue notre psychisme sans douleur ni angoisse, ni même conscience semble-t-il. C’est une sensation assez étrange, quasi imperceptible, et en tous les cas extrêmement difficile à penser et à verbaliser. Car nous mettrons presque un an de ces rencontres avant de pouvoir attribuer des pensées et des mots à cette sensation. C’est cet écrit qui nous a extirpée de notre torpeur, nous forçant à développer nos connaissances concernant la problématique alcoolique, à échanger avec les professionnels, à motiver notre intérêt, souvent tu en entretiens, malgré toute notre jeune et « bonne volonté ». Ce phénomène est très difficile à accepter. Se sentir dépossédé de toute pensée, de tout affect, on préférerait encore que ce soit de notre seul ressort. Et pourtant non, si l’on a souvent l’impression d’avoir peu d’impact sur ces patients, l’inverse est assurément faux, il faut bien le reconnaître. Il est déjà difficile d’entendre les contre-transferts, ressentis, négatifs qui surgissent à l’égard de certains patients en sevrage, dont on voudrait bien se garder de culpabiliser. Qu’en dire alors quand ils ne comprennent que l’oubli, la négation, le vide de ces entretiens ? Car il est bien inacceptable, selon notre « Surmoi professionnel », de ne rien penser, de ne rien ressentir, et surtout de ne rien retenir d’un patient après sa rencontre. Tout cela tend pourtant vers une seule chose : l’impensable, la mort. Et c’est bien de cela qu’il s’agit.

Conclusion

37 Pour conclure, et contrastant avec leur discours qui se veut toujours banalisant et stéréotypé, le fonctionnement alcoolique en sevrage apparaît, à nos yeux et à la lumière de ces quelques hypothèses et interprétations psychodynamiques, bien plus complexe et fascinant qu’il n’y paraît. L’enjeu est de comprendre, face à cette pathologie et en cette période si particulière qu’est celle du sevrage, que la clinique de l’alcoolisme est avant tout une clinique du négatif, « clinique du vide », dans laquelle il faut savoir entendre ce qui n’est pas, ce (ceux) qui en lui a (ont) fait défaut…

38 Ces expériences nous amènent à conclure que le contre-transfert dans la rencontre alcoolique est notre outil indispensable dans la relation thérapeutique, dans l’approche et le soin de ces patients en sevrage. Dans cette rencontre, et à l’instar de J.-P. Descombey (2005), nous avons pu interpréter la demande que le malade alcoolique nous adressait : « Être la mère capable d’écouter cris et signes de détresse de son enfant, les traduire en langage », et « reconnaître et élaborer les affects transmis par cette communication primitive ». Accepter, en effet, d’entendre ce qui se dit et surtout ce qui ne se dit pas, ce qui n’est pas communiqué verbalement mais affectivement, voire corporellement. Être capable d’être d’abord contenant, réceptacle et pare-excitations, bien avant – parfois des semaines, d’abstention pour nous, d’abstinence pour eux – de pouvoir être, en notre fonction première, originelle : interprète.

39 Nous pensons en effet qu’il faut savoir s’écouter avant de pouvoir écouter l’Autre. Sans cela, il nous apparaît, après lectures et pratiques, que la relation, particulièrement en processus de sevrage, est impossible car manquée. C’est par nous, par nos émotions – les siennes étant trop dangereuses pour lui – que le patient communique. Dans la clinique de l’alcoolisme, c’est donc par et avec nous-mêmes que nous devons commencer à travailler, avant qu’enfin, l’homme alcoolique n’apparaisse…

40 Quelle que soit l’apparence qu’elle prenne, la pulsion de mort est à prendre en compte, à entendre dans le silence, dans l’ombre qu’elle laisse dans notre compréhension de ces patients. Sa conscience est, après nos réflexions, primordiale dans la rencontre alcoolique, elle est cette « clinique du vide » qui nous tient depuis notre première rencontre.

Notes

  • [1]
    Chloé Delostal, psychologue clinicienne à la Croix-Rouge française, psychologue coordinatrice, étudiante en master recherche (ea 4452, Dijon) – 27, Grande Rue, F-89100 Nailly ; chloe.delostal@gmail.com
    Almudena Sanahuja, maître de conférences, université de Franche-Comté (EA 3188, Besançon), psychologue clinicienne et psychothérapeute ufr slhs – 30-32 rue Mégevand, CS 81807, F-25030 Besançon Cedex ; maria.sanahuja@univ-fcomté.fr
    Les patients ne sont vus ni avant ni après la cure.
Français

Ce présent article a pour objectif de développer les difficultés rencontrées à l’abord de la problématique alcoolique et au sein de la relation avec le patient alcoolo-dépendant en processus de sevrage. À travers le discours alexithymique et apsychognosique, et les contre-attitudes ou contre-transferts du clinicien face au patient, nous constatons que le déni et la pulsion de mort agissent chez l’un comme chez l’autre et viennent entraver la relation thérapeutique, qui devient alors manquée. La vignette clinique nous permettra d’illustrer la prégnance de la pulsion de mort au sein de cette problématique, et les difficultés thérapeutiques à aborder le déni, pathognomonique, dans cette relation. Cet article se propose de confirmer la complexité de la rencontre alcoolique et de ses enjeux thérapeutiques singuliers, impliquant la prise en compte, dans cette rencontre de sevrage, de ce que nous appellerons la « clinique du vide » ou « clinique du négatif ».

Mots-clés

  • alcoolisme
  • processus de sevrage
  • discours
  • contre-transfert
  • pulsion de mort
  • déni

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Mis en ligne sur Cairn.info le 26/10/2015
https://doi.org/10.3917/cm.092.0245
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