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Pionnière de la danse moderne, Isadora Duncan (1878-1927) demeure à l’évidence la défricheuse et la semeuse ; celle qui, bousculant les codes et les conventions du ballet classique a ouvert les écluses et frayé ainsi la voie à une danse plus libre. Toutefois, si la radicalité et la modernité de sa démarche ont fait couler beaucoup d’encre, on a beaucoup moins évoqué la dimension primordiale de l’art d’Isadora qui se place sous le signe de la grâce. C’est surtout par une esthétique gracieuse, caractéristique de ses chorégraphies de jeunesse, qu’Isadora renoue à la fois avec la sensibilité de la danse classique et les toiles de la Renaissance italienne, celles de Botticelli en particulier qu’elle revisite dans plusieurs de ses créations. À contre-courant des brisures et de la crispation, la grâce trouve son terrain d’élection dans la courbe, évoque un monde de fluidités et de transparences qui exprimerait à la fois la nostalgie d’un paradis mythique et l’aspiration à un futur idyllique.
Isadora se situe d’abord en rupture avec le ballet académique dont elle rejette le système préétabli de pas et de gestes codifié par Pierre Beauchamp au dix-septième siècle. Elle récuse le principe de l’en-dehors qu’elle estime contre-nature de même que la discipline rigide du ballet. Forte de ses convictions, elle bannit les pointes – apanage de la ballerine – le tutu, et le corset qui enserre le corps. Soucieuse de restituer à la danse une signification spirituelle et humaine, Isadora ne peut que vilipender l’excès de virtuosité qui règne au sein du ballet à la fin du dix-neuvième siècle, au mépris de l’émotion…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/12/2017
- https://doi.org/10.3917/lige.085.0005

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