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SAY : Votre appel « Libraires, de grâce désobéissez » lancé en septembre n’a pas été entendu tout de suite, mais les restrictions ont été assouplies par la suite. Quelles ont été leurs conséquences sur le marché du livre ?PHILIPPE CLAUDEL : Ça me paraissait crétin que les librairies et plus généralement la culture soient considérées comme des commerces non essentiels. On pouvait mettre en place des règles sanitaires pour laisser les librairies ouvertes. Mais mon appel a été curieusement reçu, notamment par les libraires qui ne voulaient pas tous rouvrir dans des conditions restreintes.
Ces dernières étaient économiquement non viables et pouvaient les empêcher de bénéficier des aides. Certains n’ont pas voulu reproduire cet appel. Nous vivons une époque de la peur. On dit que les libertés se restreignent, mais j’ai l’impression que ce sont les gens eux-mêmes qui s’infligent ces restrictions.
Finalement, le secteur s’est plutôt bien porté. Mais les grands gagnants dans l’affaire restent Amazon et les grandes plateformes.SAY : L’essor des grandes plateformes n’a-t-il pas pour conséquence de favoriser les livres à succès au détriment des auteurs plus « modestes » alors que la librairie est aussi l’endroit où l’on se fait conseiller, où l’on découvre ?PC : Le travail des libraires ne consiste pas seulement de vendre les avalanches de bouquins qui paraissent. Ils travaillent le « fonds » : ils vendent aussi des livres qui sont parus il y a 5, 10 ans et au-delà !
Le secteur du livre est touché par le marketing…
Auteur

Membre de l’académie Goncourt.
Prix Renaudot 2003.
César du meilleur premier film en 2009.
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 13/07/2021
- https://doi.org/10.3917/say.005.0038

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