Évoquer la cruauté liée à la sexualité est aujourd’hui une tâche périlleuse tant les politiques qui nous gouvernent usent parfois d’arguments qui, dans une ignorance mise au service d’une idéologie sécuritaire, se révèlent cruellement blessants pour la représentation qu’ils se font de leur contemporain, de leur Nebenmensch.
Les discours actuels sur la violence sexuelle font de leur auteur un étranger radical, reléguant celui-ci dans une humanité blessée qui n’a parfois plus rien d’humain. Que ces mots ne viennent pas masquer le poids de souffrance que ces hommes, mais aussi ces femmes, auteurs de violences sexuelles, engendrent chez leurs victimes au travers de leurs actions gravement délabrantes. Cependant, travailler comme psychanalyste auprès de ces populations d’agresseurs sexuels c’est d’abord ne jamais se départir de cet apophtegme de Térence évoquant que : « Rien de ce qui est humain ne m’est étranger. » Le discours politique actuel semble avoir oublié cette dimension d’humanité.
À ces hommes, certains de nos politiques au pouvoir ont pensé pouvoir couper les génitoires pour les empêcher de nuire, certes, mais surtout avec cette idée, d’une incroyable et pitoyable cruauté, que couper le corps empêcherait la pensée, empêcherait d’y penser, à cette plaie qu’est pour l’homme la sexualité, sa sexualité. Parce que la sexualité, si tout humain est équipé pour l’exercer, cela s’approprie et se module, cela subit les aléas de l’histoire, comme nos corps et l’ensemble de nos pratiques, Foucault nous l’a largement démontré…