En 2008, je concluais mon mémoire de fin d’études en empruntant à Dominique Quessada le concept d’altéricide (Quessada, 2007) et en posant l’éducation spécialisée comme une réponse au crime de l’Autre.
Interroger mon engagement dans le secteur social, c’est dans un premier temps, interroger les fondements qui ont construit cet engagement. Élevé en milieu populaire, j’ai tout naturellement grandi dans un environnement où la multiculturalité et les inégalités sociales et économiques représentaient le quotidien. Issu d’une famille mitterrandiste, le socialisme, sans que je sache vraiment ce qu’il recouvrait à l’époque, représentait une sorte d’idéal. Aujourd’hui, mon engagement dans le champ social, et plus particulièrement auprès des personnes en situation de précarité et de marginalité, n’est que fruit de cette éducation. Je reconstruis à ma manière, ce socialisme qui était distillé tant dans les discours que dans les actes de la vie quotidienne.
« Nous sommes tous responsable de tout et de tous devant tous et moi plus que les autres »
La compréhension de mon environnement social et économique s’est, dans un premier temps, construite à l’aide du marxisme. Entré en formation, j’ai opté très tôt pour l’accompagnement des personnes adultes en situation de précarité. Ainsi, en tentant de faire valoir leurs droits, j’ambitionnais de les accompagner dans leur conscience de classe (Lukacs, 1974). En effet, je pensais qu’un groupe social soumis, ici, non pas à l’exploitation, mais au rejet d’une partie de la population, pouvait, de par la prise de conscience de sa situation, faire valoir ses droits et ses propres intérêts…