Arnaud Sylla : À l’occasion de ce numéro de la NREA dédié au numérique, nous faisons une place aux initiatives en termes de prévention autour des usages numériques à destination des enfants et des adolescents. L’OPEN est une association très engagée qui s’est intellectuellement libérée des préjugés. Peux-tu nous présenter son objet et ses axes d'intervention ?Thomas Rohmer : Cela fait à peu près dix-sept ans que je m’occupe des problématiques de protection de l’enfance numérique.
Lors d’une expérience antérieure, qui a duré une dizaine d’années, je m’étais essentiellement focalis é sur un cadre interventionniste auprès des enfants et des adolescents, partout en France, dans le cadre d’une précédente structure que j’avais cofondée.
Après ces années passées sur le terrain à rencontrer beaucoup de monde (au total nous avions vu environ 4,5 millions d’enfants, et surtout d’adolescents, autour de ce qu’on appelait communément “ les dangers d’Internet ”), je me suis rendu compte que nous manquions d’efficacité. Déjà au niveau de l’approche, et c’est toujours le cas aujourd’hui, il existe une approche très stigmatisante par rapport aux pratiques numériques des jeunes, très moralisatrice, très fondée sur l’injonction négative “ne faites pas ci, ne faites pas ça”. En parallèle, la Communauté Éducative, avec un “E” majuscule, est engagée sur toutes ces questions de l’éducation au numérique, tout en ayant des postures très contradictoires.
De ce fait, il y a cinq ans, j’ai décidé de fonder l’OPEN en partant de ce postulat de l'échec de la prévention face aux enfants…