I. Historique
1C'est la loi du 27 septembre 1940 prescrivant l'incorporation dans les formations de travailleurs des étrangers de sexe masculin, âgés de 18 à 55 ans, réfugiés en France et ayant perdu la protection de leur pays d'origine, loi qui prévoyait le secours aux familles, qui est à l'origine de la création du Service du contrôle social des étrangers.
2Sur l'initiative du ministère de l'Intérieur, et en plein accord avec le secrétariat d'État au Travail (Commissariat à la lutte contre le chômage), ce texte fut promulgué au lendemain de l'armistice dans des circonstances particulièrement graves, pour répondre à des nécessités d'ordre public : la plus lourde était la menace qu'aurait fait peser sur la sécurité et l'économie nationale le chômage d'une masse importante d'étrangers.
3Le 19 février 1941, Henri Maux, commissaire adjoint à la lutte contre le chômage, ou son supérieur, engage Gilbert Lesage, fonctionnaire du ministère de l'Intérieur, aux réelles qualités d'improvisateur et de réalisateur mises au service de sentiments généreux [1], pour le charger de créer un service qui fonctionnerait sur les crédits prévus pour les compagnies encadrées et qui aurait pour mission de remédier sur le plan social à toutes les conséquences des mesures prises à l'encontre des travailleurs, en envisageant également la création de centres d'accueil réservés aux inaptes et aux familles isolées.
4Le 4 juillet 1941, une circulaire du ministre, secrétaire d'État à l'Intérieur et du secrétaire d'État au Travail annonça aux préfets de la zone libre l'existence du service en précisant son rôle et ses attributions. C'est à partir de cette date que le service a fonctionné réellement.
5Le décret du 25 juin 1944, prononcé par le chef du gouvernement, a mis fin aux activités de ce service.
II. Rôle et attributions du Service
6À l'origine, ils se trouvaient résumés dans une circulaire interministérielle n° 309, pol. 7, du 4 juillet 1941.
7« Des équipes du service social placées auprès du Commissariat à la lutte contre le chômage, dont l'activité complète celle du Service social des formations d'étrangers, s'occuperont de toutes les questions relatives aux familles des travailleurs étrangers incorporés dans les formations.
8En liaison avec le Service social des formations d'étrangers, elles apporteront leur concours au service des préfectures pour :
- le recensement des familles de TE ;
- le regroupement de ces familles ;
- le contrôle des allocations à verser aux familles sans ressources ;
- la création et l'organisation de foyers d'accueil ou des foyers familiaux ;
- l'assistance matérielle et morale de ces familles ;
- le reclassement et la réadaptation de ces familles. »
10L'activité du service fut étendue à tous les étrangers, s'agissant toujours de réfugiés ayant perdu la protection de leur pays d'origine, que leur sexe, âge, inaptitude physique ou leur situation particulière écarte définitivement et temporairement du champ d'application de la loi du 27 septembre 1940.
11On résume schématiquement l'évolution suivie par le service au cours de trois années écoulées depuis sa création, de même que ses désignations successives.
12Service social des formations d'étrangers, mai 1941
13Assistance limitée aux seules familles des travailleurs étrangers incorporés dans les formations.
14Service social des étrangers au 1er janvier 1942
15Assistance et reclassement étendus à tous les étrangers réfugiés en France ayant perdu la protection de leur pays d'origine et non incorporables dans les formations de travailleurs.
16Service du contrôle social des étrangers au 1er janvier 1943
17Assistance, reclassement et placement des mêmes catégories d'étrangers.
III. Organisation
18La direction et l'administration centrale étaient installées à Vichy. Cinq inspections régionales avaient leur siège respectif à Clermont-Ferrand, Toulouse, Montpellier, Marseille et Lyon. Seize équipes interdépartementales ou départementales fonctionnaient ou étaient en cours d'installation. Leur activité était limitée à la zone Sud. Une organisation se mettait en place dans les camps d'internement du ministère de l'Intérieur. Une équipe œuvrait déjà dans le camp de Gurs.
19Le chef de service, Gilbert Lesage, disposait d'environ 300 fonctionnaires et agents. Il s'agissait d'employés de bureau, d'enquêteurs, de chefs d'équipe et de groupe recrutés dans les services du ministère de l'Intérieur et du ministère du Travail.
20Tous les agents étaient nommés par l'administration centrale, le plus souvent sur proposition des délégués régionaux, après enquête de police. Ils étaient tenus de remplir les déclarations relatives aux sociétés secrètes et aux lois raciales.
21On notera cependant qu'au 1er septembre 1942 le SSE comptait dix-sept Israélites dans ses rangs. Ces engagements étaient conclus en accord avec Xavier Vallat, commissaire général aux Questions juives (CGQJ).
22La plupart de ces Israélites devaient présenter toutes les garanties nécessaires, car ils avaient bénéficié de la caution morale de diverses personnalités. Certains d'entre eux occupaient des postes importants. C'est ainsi que André Jeramée, ancien secrétaire de Lesage, était adjoint au chef de bureau des délégations. Il avait quitté le service central depuis le 16 septembre 1942 à la suite d'un arrêté d'éloignement de Vichy pris contre lui. Il s'était trouvé en désaccord avec son chef de service sur le principe de la participation du SSE aux opérations de regroupement.
23Léon Weiss, dont la carte de service indiquait qu'il était conseiller technique, figurait sur l'état du personnel de la délégation régionale de Lyon comme délégué régional adjoint. Il s'agissait de l'ancien procureur de la République à Nancy.
24Le chef du SSE entretenait des contacts avec les dirigeants d'œuvres Israélites ou étrangères telles que l'Union générale des Israélites de France (UGIF), l'Union des Sociétés pour la protection et la santé des populations juives (OSE), The Young Men's Christian Association, (YMCA), le Grand Consistoire de France.
25(Le 16 décembre 1941, Gilbert Lesage, au cours d'une réunion tenue au Consistoire central, et présidée par Jacques Helbronner, a présenté son projet d'organisation des centres d'accueil sociaux pour les Juifs étrangers astreints aux mesures d'internement, qui seraient transformées en régime de liberté surveillée. Au cours d'une seconde réunion, tenue le 6 février 1942, à laquelle assistaient le Grand Rabbin de France, Isaïe Schwartz, et Jacques Helbronner, président du Consistoire central, Gilbert Lesage a précisé son projet et demandé la participation de cadres Israélites.)
IV. Les centres du Service social
26La Croix-Rouge polonaise avait, de son côté, organisé des centres d'accueil pour ses ressortissants, en particulier les militaires de l'armée polonaise en France. Ils étaient au nombre de 22, tous situés dans des hôtels, répartis dans 13 départements de la zone libre. Ils rassemblaient près de 3 000 hommes, femmes et enfants. Ces centres passèrent sous le contrôle du Service social des formations d'étrangers, le 1er novembre 1941.
27Le Service social disposait de trois centres en activité à cette époque :
- au château de Grammont, à Ceyzerieu, dans l'Ain ;
- à Pont-La-Dame, près d'Aspres-sur-Buech, dans les Hautes-Alpes ;
- à la villa Pomponne, à Montauban dans le département de Tarn-et-Garonne.
29Un quatrième devait ouvrir au château de Pradines, à Nébouzat, dans le Puy-de-Dôme.
30Ces trois centres fonctionnaient en novembre 1941. On en comptait 25 en novembre 1943. Leur nombre a augmenté à la suite de la circulaire du ministère de l'Intérieur aux préfets du 2 janvier 1942, stipulant que tous les Israélites résidant en France depuis le 1er janvier 1936 seraient, selon les cas, versés dans des groupes de travailleurs étrangers ou dans des centres spéciaux.
31Les centres constitués par les organismes Israélites, ORT, Œuvre de secours aux enfants (OSE), passèrent également sous contrôle du SSE.
32Les locaux étaient choisis de préférence à proximité des villages. Ils étaient acquis par bail amiable passé avec le propriétaire ou par voie de réquisition.
33Le service s'est efforcé de garder à chaque centre un caractère propre et homogène : centres d'enfants, centres familiaux, centres d'inaptes. De plus, on a veillé à ce que les hébergés soient réunis par nationalité, « affinité de race ou de confession ».
34La capacité d'hébergement des centres était variable, de 80 à 250 places.
35On a dénombré ainsi des lieux tels que des bâtisses appelées « châteaux » (Arlanc, Bernadou, Doux...), des hôtels désaffectés (Alboussière, Les Marquisats), des casernes (Montmélian, Sospel), des camps de baraques (Douadic, La Meyze, Masseube, Septfond...), le couvent de Reillanne, des hôpitaux, un sanatorium, une cimenterie, etc.
V. Fonctionnement des centres
36Le personnel d'encadrement était réduit à un chef de centre et parfois un comptable. Rares étaient les centres où le personnel s'élevait à trois personnes. Le service médical était assuré par un infirmier, médecin de profession pris parmi les hébergés.
37Afin de seconder le chef de centre, on faisait appel à des auxiliaires hébergés sachant parler le français et susceptibles d'occuper des fonctions subalternes de secrétaire, vaguemestre, cuisinier, magasinier, etc.
38Le ravitaillement fut l'une des questions les plus épineuses. Il n'avait été prévu que celui des hommes ayant la carte d'alimentation des travailleurs de force. Or les centres hébergeaient des personnes représentant toute la gamme des cartes d'alimentation. De plus, situés sur le territoire de petites communes, les hébergés n'étaient titularisés que de la carte rurale et étaient de ce fait privés de pommes de terre, légumes secs et pâtes qui sont à la base de l'alimentation. À partir du mois d'octobre 1943, les centres ont touché cependant des suppléments substantiels. Dans certains d'entre eux, des hébergés ont assuré un appoint alimentaire en cultivant avec des moyens de fortune.
39L'État contribuait à l'entretien des hébergés par une somme de 11,50 F par personne et par jour, à laquelle venait s'ajouter une prime de rendement de 4,50 F par jour pour les frais d'administration. Ces moyens financiers ne suffisaient pas. Le complément provenait du Service social et de diverses organisations françaises et étrangères d'assistance.
40Le Service du contrôle social des étrangers a disposé pour l'année 1943 d'un budget total de 64000000 F, répartis en :
- traitement du personnel et indemnités ............... 9000000 F
- hébergement, secours et dépenses diverses ............... 55000000 F (pour près de 5 000 hébergés).
42Le budget pour l'année 1944 s'est élevé à 74000000 F
VI. Gilbert Lesage, chef du Service social des étrangers
43Extraits d'un rapport du commissaire principal Mortier de la direction générale des services de police judiciaire (5 octobre 1942).
44Archives CDJC. Fonds Lesage, dossier 683.
45Gilbert Lesage est à l'origine de la création du SSE.
46Son activité s'est exercée dans les domaines les plus divers.
47Attiré par l'ethnologie, les questions sociales et les mouvements internationaux de jeunesse, que la question religieuse semble avoir particulièrement préoccupé, il s'est donné comme but immédiat les œuvres humanitaires.
48Il est né le 19 mai 1910, à Paris. Son père, d'origine normande, était architecte. Il a fait des études secondaires au lycée de Falaise (Calvados) jusqu'au baccalauréat première partie (lettres), en 1927.
49Ses études de philosophie au lycée Rollin, à Paris, ne furent pas sanctionnées par la deuxième partie du baccalauréat.
50On le trouve ensuite successivement vendeur en bonneterie, étudiant en ethnologie, chargé de mission de la Société des amis (Quakers) en Allemagne, Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie, Autriche et Suisse, reporter, initiateur des Auberges de jeunesse.
51Il fait son service militaire aux Tirailleurs algériens.
52On le retrouve garçon de café à Fribourg (Allemagne) où il étudie le mouvement catholique social, secrétaire de « l'Entraide européenne », section franco-allemande, et conférencier pour le rapprochement franco-allemand.
53Il obtient après deux ans d'études le « Testamur » d'études religieuses au collège de Woodbrooke (Angleterre) dépendant de l'Université de Birmingham.
54Il dirige ensuite le service des réfugiés allemands de l'Entraide européenne.
55Il se marie en 1935 et s'occupe d'assurances. Il se sépare de son épouse en 1938 et reprend son activité sociale à Paris avec le service civil volontaire et la commission Quakers américains d'aide aux enfants espagnols réfugiés en France.
56En août 1939, il avait groupé une cinquantaine de « jeunes » pour constituer les cadres d'un service social volontaire pour l'aide aux réfugiés.
57Il a été mobilisé pendant les hostilités au parc des réparations d'infanterie de la 4e Armée et était l'adjoint de l'officier d'approvisionnement.
58Après s'être intéressé au mouvement scout et au fonctionnement de l'office d'hygiène sociale de Meurthe-et-Moselle, il est démobilisé en juin 1940 et vient se fixer à Vichy, 97 bis, avenue des Célestins.
59Il est, à cette époque, chargé de mission au ministère de la Jeunesse et appartient au mouvement « Compagnon » où il dirige le Service des réfugiés.
60Il est successivement chargé de mission en 1940 à la direction des réfugiés par M. Rippert (ministère de la Jeunesse), chef de groupe chargé du Service social à la lutte contre le chômage en janvier 1941 et chargé de mission au secrétariat général à la Police pour la visite et l'assistance dans les camps de travailleurs étrangers en janvier 1942.
61Il devient chef du Service social des étrangers (dénommé précédemment Service d'assistance aux familles des formations de travailleurs étrangers), poste auquel il a été nommé par le secrétaire d'État au Travail.
VII. La commission des camps de l'UGIF
62Le fond d'archives du bureau de Sisteron de l'UGIF a été retrouvé en 1985. Des travaux de remise en état de bâtiments abandonnés ont permis de découvrir six paquets d'archives datant de la période 1940-1945.
63Il comporte, dans l'ensemble, des documents de la commission des camps constituée au début de l'année 1941. Cette commission regroupait les principales organisations juives d'assistance.
64Son siège était situé à Toulouse en raison de sa proximité des camps de Gurs, Rivesaltes, Noé, Récébédou et du Vernet.
65En avril 1942, la mise en place de l'UGIF transforme la commission des camps en 5e direction, 3e section.
66Le secrétariat général était basé provisoirement à Marseille puis à Sisteron où la commission a fonctionné jusqu'au 4 novembre 1943, date de l'arrestation de tous les membres du bureau.
67Son activité a porté sur les camps, d'une part, et sur les centres d'hébergement du Service social des étrangers. Elle s'occupait, d'autre part, également des nécessiteux Israélites, des groupes de travailleurs étrangers, de l'assistance aux prisonniers de guerre en Allemagne et de l'expédition des colis pour les internés de Compiègne et Drancy.
68Elle apportait des secours en espèces, des secours exceptionnels pour les cas urgents sous la forme de colis collectifs ou individuels. Des distributions supplémentaires étaient faites à l'occasion des fêtes juives.
69La commission engageait des démarches pour réaliser des transferts depuis les camps vers les centres d'accueil. Elle était en relation avec l'aumônerie générale.
70Au début de l'année 1943, les camps visités étaient au nombre de six : Gurs, Le Vernet, Noé, Nexon, Brens, le sanatorium de la Guiche, et les centres d'hébergement au nombre de dix : La Meyze, Douadic, Les Marquisats, Montmélian, Mons, Nébouzat, Sereilhac, Beaulieu, Reillanne, Pont-La-Dame. En juillet, ils étaient au nombre de seize.
71Différents bureaux locaux étaient tenus d'établir chaque mois un rapport sur l'activité sociale et financière et d'y annexer des listes d'effectifs de manière à fixer la commission des camps sur les dispositions budgétaires à prévoir. Ces rapports apportent de précieuses informations sur ces lieux et témoignent des conditions de vie dramatiques des Juifs qui les occupèrent.
72À partir du mois d'août 1943, la situation financière devint critique. Les stocks de produits alimentaires étaient épuisés. Les secours en espèces et en nature au bénéfice des hébergés passèrent au rayon des utopies.
VIII. Centres d'accueil du Service social des étrangers
Numéro | Désignation | Département | Date de création |
1 bis | Château de Grammont | Ain | 15 août 1941 |
2 bis | Pont-la-Dame | Hautes-Alpes | 1er mai 1941 |
3 bis | Villa Pomponne | Tam-et-Garonne | 18 août 1941 |
4 bis | Château de Pradines | Puy-de-Dôme | 15 déc. 1941 |
Nébouzat | |||
5 bis | Château de Bernadou | Haute-Garonne | 26 mai 1942 |
Villemur | |||
6 bis | Château de Mons | Puy-de-Dôme | 1er août 1942 |
Arlanc | |||
7 bis | Caserne Montfort | Savoie | 9 juin 1942 |
Montmélian | |||
8 bis | L'Isle-Jourdain | Gers | 7 juillet 1942 |
9 bis | Rivesaltes | Pyrénées-Orientales | 7 juillet 1942 |
Îlot E du camp | |||
10 bis | Lyon-Villeurbanne | Rhône | 1er juillet 1942 |
11 bis | Douadic | Indre | 4 sept. 1942 |
12 bis | La Meyze | Haute-Vienne | 4 sept. 1942 |
13 bis | Château de Montgrand | Bouches-du-Rhône | 4 sept. 1942 |
14 bis | Sereilhac | Haute-Vienne | 18 nov. 1942 |
15 bis | Reillanne | Basses-Alpes | 1er nov. 1942 |
16 bis | Beaulieu | Corrèze | Janvier 1943 |
17 bis | Annecy | Haute-Savoie | 25 janvier 1943 |
Hôtel « Les Marquisats » |


18 bis | (non précisé) | ||
19 bis | Le Change | Dordogne | Octobre 1943 |
Château-le-Roc | |||
20 bis | Alboussière | Ardèche | Mai 1943 |
Hôtel Beauséjour | |||
21 bis | Septfond | Tarn-et-Garonne |
Autres centres gérés par le Service social des étrangers
Altillac | Corrèze | |
Château du Doux | ||
Perpignan | Pyrénées-Orientales | |
Le Harras | ||
Lons-le-Saunier | Jura | |
Nans-les-Pins | Var | |
Rabès à Cornil | Corrèze | 10 mars 1943 |
Thiviers | Dordogne | Octobre 1943 |
Sanatorium d'Hauteville | Ain | |
Septfond | Tam-et-Garonne | Sept. 1943 |
Tombebouc | Lot-et-Garonne | Sept. 1943 |
Château de Sainte-Livrade | ||
La Vernède | Lozère | |
Masseube | Gers | 1er juillet 1943 |


IX. Centre d'accueil « Hôtel Beausejour », Alboussière (Ardèche)
73Le centre de vieillards d'Alboussière, hôtel pour couples isolés.
74Mémoires de René Nodot
75« Résistance non violente 1940-1944 ».
76Le centre d'accueil n° 20 bis d'Alboussière est ouvert en mai 1943.
77C'est un hôtel désaffecté avec son annexe.
78L'effectif à la fin du mois d'août s'élève à 52 personnes dont 2 enfants, tous juifs. 38 d'entre eux ont été détenus au camp de Gurs et sont passés par le camp de Masseube (Gers). Ils sont de nationalité allemande pour la plupart.
79Elsa et Erika Thuna étaient passées par le camp de Douadic (Indre) en 1942 et se trouvaient au centre d'accueil des Marquisats à Annecy depuis janvier 1943. Elles seront transférées à Alboussière sur décision du directeur sans raison déclarée.
80La famille Heskia (Mme Sophie Heskia, 77 ans, et ses 2 filles, Alice, 55 ans, et Angèle, divorcée Pelzel, 54 ans), venait des Marquisats également.
81Madame Rosa Gabay, 70 ans, et sa fille, Claire Misrahi, 40 ans, de nationalité turque, avec ses 2 enfants, Claire, 11 ans, et Roger, 14 ans, naturalisés français, étaient passés par les camps de Rivesaltes, Gurs et Masseube avant d'être transférés à Alboussière, le 20 août 1943.
82Les conditions de vie à l'hôtel Beauséjour sont précaires.
83Le 14 septembre 1943, le chef du centre adresse une lettre au comité d'assistance aux réfugiés à Lyon pour l'informer de l'aide insignifiante versée par l'État français et demande une aide alimentaire et vestimentaire pour ses hébergés.
84Le 6 octobre, le comité social du centre d'Alboussière fait part de la situation de pénurie alimentaire au délégué régional de l'UGIF.
85Le ravitaillement étant assuré dorénavant par les services de l'intendance de Privas qui verse contre remise des tickets d'alimentation 1 kg de pommes de terre, 50 g de légumes secs et 100 g de pâtes par personne et par semaine.
86Sur les 3 étages que compte l'hôtel Beauséjour, seul le premier dispose d'un chauffage. L'annexe en est dépourvue.
87Par suite de plaintes de la municipalité pour quelques rapines survenues dans le village et imputées aux hébergés de l'hôtel Beauséjour, ceux-ci sont interdits de sorties. Par la suite, cette mesure sera atténuée et 6 personnes seront autorisées à une sortie chaque jour, soit une sortie tous les 10 jours pour chacun.
88Selon le rapport de visite établi par le délégué UGIF de Lyon, l'effectif en septembre 1943 est de 60 personnes (54 Israélites et 6 Espagnols).
89Le 18 février 1944, au matin, la police allemande procède à l' arrestation de tous les Juifs présents dans l'hôtel. 7 personnes, dont le petit Roger Misrahi et sa maman, parviendront à s'échapper.
906 Espagnols présents dans le centre ne seront pas inquiétés. Les 57 personnes arrêtées seront déportées par les convois nos 69-70-72.
91Les déportés d'Alboussière représentent plus du quart des 205 déportés « raciaux » identifiés dans le département de l'Ardèche.
92Salomon Perahia, âgé de 14 ans, et ses jeunes frères, David et Léon, qui habitaient Nîmes, seront confiés par leur maman à une assistante sociale de la Cimade et dirigés à la fin du mois d'avril vers l'hôtel Beauséjour, dans l'ignorance de la rafle, après l'arrestation et la déportation du père et des deux frères aînés par le convoi 73 vers les pays Baltes. Madame Perahia sera arrêtée et déportée à Auschwitz en juin 1944.
93Les trois adolescents quitteront le centre d'accueil en septembre, sans être inquiétés.
94Dans son rapport adressé au chef du Service du contrôle social, au délégué régional à Lyon, à la préfecture (service des étrangers), le chef du centre fait un récit précis de la rafle opérée par les autorités allemandes.
95Le 18 février 1944, à 6 heures du matin, il est réveillé par des coups de poing donnés à la porte d'entrée de l'hôtel Beauséjour. Il se trouve devant les autorités allemandes qui demandent de leur fournir l'état nominatif des hébergés.
96Celles-ci se rendent immédiatement dans les chambres du bâtiment principal et réveillent les personnes. Des sentinelles sont placées aux portes de sorties et à l'annexe de l'hôtel.
97Deux heures sont données aux hébergés pour descendre se grouper au réfectoire où les clients juifs de l'hôtel « Serre » d'Alboussière, également arrêtés, sont venus les rejoindre.
98Les Espagnols du centre ne sont pas inquiétés.
99La garde allemande, qui est insuffisante pour contrôler toutes les issues, ne peut empêcher l'évasion de sept personnes, dont le docteur Falkenburger.
100Dès 7 heures, le chef du centre alerte la gendarmerie qui arrive en moto à 10 h 30 et commence, sur les ordres allemands, à faire des recherches dans les environs du village.
101Des évasions ont également eu lieu à l'hôtel « Serre ».
102Des scènes dramatiques se déroulent en ce qui concerne les vieillards et les impotents.
103À 15 h 15, les deux camions partent pour Grenoble.
104Le chef du centre note qu'il ne peut effectuer aucun contrôle des bagages emportés, et ce n'est qu'après un travail de rangement très important dans chacune des chambres qu'il pourra se rendre compte de l'étendue de ses pertes et de ses gains.
105Les chambres présentent toutes un aspect lamentable. De nombreux bagages sont restés au centre, de nombreuses affaires sont restées dans les chambres abandonnées en grande hâte.
106Les cartes d'alimentation, les cartes de tabac et autres ont été remises aux autorités allemandes, sur leur demande expresse, ainsi que celles des évadés.
107Une liste exacte de tous les hébergés raflés et évadés est dressée.
108Il lui est absolument interdit de recevoir, sous quelque prétexte que ce soit, les sept hébergés évadés qui se trouvent complètement dépossédés de tout. Fonds d'archives UGIF – Commission des camps
109Document sous série 6 J14
110UGIF
1115e Direction
1123e Section
113Le Délégué de Lyon
Rapport sur le mois de septembre 1943 Camps
Centre d'hébergement 20 bis à Alboussière (Ardèche)
114Je me suis rendu le 21 septembre dans ce centre.
115Alboussière se trouve en pleine montagne à 500 mètres d'altitude et l'hôtel « Beauséjour » avec son annexe a été transformé pour le Service du contrôle social des étrangers en un centre d'hébergement.
116Il groupe actuellement 60 personnes, dont 54 Israélites et 6 Espagnols. À la tête de ce centre, se trouve monsieur Chéron, chef très apprécié de tous les hébergés ; ceux-ci sont, en général, des personnes très âgées.
117On peut se rendre compte aussitôt que le lieu d'Alboussière n'a pas été judicieusement choisi pour servir de refuge à des personnes âgées ; en effet, ce centre est beaucoup trop élevé pour ces personnes devenues asthmatiques ; de plus, l'hôtel comprenant 3 étages est une source de fatigue supplémentaire pour tous les malheureux impotents.
118Au début, le séjour pour ces vieillards était assez supportable, car, pour la plupart, venant de vivre la vie des camps, ils avaient la joie de pouvoir se promener librement aux alentours du centre. Mais, depuis lors, le maire d'Alboussière, à la suite de différentes plaintes de ses administrés, victimes de petites rapines attribuées à quelques hébergés, a prié le chef du centre d'interdire ces sorties.
119Cet hôtel n'ayant ni parc, ni jardin, ces vieillards devaient rester enfermés tout le jour dans leur chambre et ne pouvaient prendre l'air que dans la petite cour entre l'hôtel et son annexe ; sur la demande du médecin, le chef du centre en accord avec le maire a autorisé depuis peu de temps la sortie journalière pour 10 % des effectifs, soit 6 par jour.
Logement
120Les hébergés sont groupés pour la plupart par quatre (2 ménages) dans des chambres très propres. Le premier étage de l'hôtel possède seul le chauffage central ; le reste de l'hôtel et l'annexe devraient être chauffés par des poêles, mais le chef du centre, malgré plusieurs demandes successives, n'a pas pu rentrer encore en possession d'aucun appareil de chauffage. Une visite auprès du délégué régional du Service social des étrangers m'a permis d'espérer pour ces malheureux vieillards transis une prompte et favorable solution à cette question.
Nourriture
121Cette question est beaucoup plus angoissante encore.
122Le chef du centre ne perçoit que 15 francs par jour et par personne. Depuis ce mois-ci, en plus, le chef du centre a été avisé de la suppression de tous les suppléments alloués aux collectivités. De ce fait les hébergés ne vivent que par leur carte d'alimentation (urbaine) moins avantageuse à la campagne où l'on ne trouve ni pâtes alimentaires, ni légumes secs.
123Ce centre ne disposant d'aucune terre cultivable et le ravitaillement étant actuellement très mauvais dans la région, le menu des hébergés se compose ordinairement d'une soupe de légumes, de pommes de terre à l'eau et de compote de fruits. Beaucoup de nos coreligionnaires reçoivent heureusement des colis individuels.
124À ceux qui sont très nécessiteux, j'ai remis aussitôt un petit subside et leur ai envoyé un paquet de vivres dont ils furent tous très satisfaits.
Pharmacie
125Le centre ne disposant que de peu de médicaments, j'ai remis une somme de 500 francs pour permettre l'achat de produits pharmaceutiques plus particulièrement utiles à des vieillards.
Foyer
126Ces hébergés ne disposent d'aucune distraction.
127Dès mon retour d'Alboussière, je me suis mis à la recherche de livres et de jeux dont j'espère faire bientôt un envoi.
Comité social
128Un comité social a été créé, recevant l'agrément unanime des hébergés et se compose ainsi :
129Président : Dr Falkenburger
130Adjoints : Dr Kempe
131Mlle Thuna
132Le Délégué de Lyon

Nom | Prénom | Âge | Nationalité | Rafle du 18/02/1944 |
Déportation | ||||
Convoi n° | ||||
Baer | Bertha | 69 | All | 69 |
Baer | Betty | 70 | All | 69 |
Boehm | Ella | 80 | All | 69 |
Boehm | Gerda | 46 | All | 69 |
Bravemann | Benjamin | 69 | All | 69 |
Cohen | Rachel | 73 | Tur | 70 |
Falkenburger | Frédéric | 54 | All | pas arrêté |
Friedrich | Erta | 35 | Aut | pas arrêtée |
Gabay | Rosa | 70 | Tur | 69 |
Gryn | Marguerite | 52 | Pol | 69 |
Grzymisch | Siegfried | 69 | All | 69 |
Grzymisch | Carola | 53 | All | 69 |
Guggenheimer | Caroline | 66 | All | 69 |
Guggenheimer | Max | 74 | All | 69 |
Haas | Julius | 66 | All | 69 |
Haas | Eliese | 72 | All | 69 |
Heinemann | Dora | 62 | All | 69 |
Heskia | Alice | 56 | Aut | 69 |
Heskia (Pelzel) | Angéla | 55 | Aut | 69 |
Heskia | Sophie | 78 | Rou | 69 |
Heymann | Abraham | 72 | All | 69 |
Heymann | Frida | 66 | All | 69 |
Kauffmann | Lina | 65 | All | 69 |
Kauffmann | Charles | 62 | All | 69 |
Kempe | Léon | 59 | All | pas arrêté |
Klein | Clara | 68 | All | 69 |



Klein | Frieda | 24 | All | 69 |
Kolhmann | Hanz | 23 | All | pas arrêté |
Lipschitz | Georges | 58 | Fra | 72 |
Lipschitz | Jeanne | 86 | Fra | 72 |
Lipschutz | Frida | 79 | Pol | 69 |
Loeb | Adèle | 68 | All | 69 |
Loeb | Bertha | 74 | All | 69 |
Mann | Blondine | 65 | All | 69 |
Mann | Nathan | 72 | All | 69 |
Mann | Dora | 52 | All | |
Maas | Clara | 67 | All | 69 |
Maas | Isidore | 68 | All | 69 |
Mayer | Bertha | 70 | All | 69 |
Matalon | Benjamin | |||
Matalon | Doudoume | |||
Meyer | Lina | 69 | All | 69 |
Meyer | Moritz | 74 | All | 69 |
Misrahi | Claire | 40 | Tur | pas arrêtée |
Misrahi | Roger | 14 | Fra | pas arrêté |
Misrahi | Suzanne | 11 | Fra | 69 |
Mocatte | Lucie | 41 | Gre | 69 |
Mocatte | Moïse | 39 | Gre | 69 |
Neumann | Dora | 52 | All | pas arrêtée |
Ottenheimer | Bertha | 80 | All | 69 |
Petrosky | Tatiana | 79 | Rus | 69 |
Riemann | Valérie | 63 | Aut | 69 |
Riess | Dona | 65 | All | 69 |
Riess | Henriette | 67 | All | 69 |
Rosenthal | Max | 73 | All | 69 |
Rosenthal | Johanna | 70 | All | 69 |
Rossler | Eisig | 68 | Pol | 69 |
Rossler | Dora | 60 | Pol | 69 |
Siegel | Adolf | 71 | All | 69 |
Siegel | Emilie | 73 | All | 69 |
Schriesheimer | Abraham | 71 | All | 69 |
Schriesheimer | Henriette | 70 | All | 69 |
Strauss | Caroline | |||
Tiefenbronner | Abraham | 78 | All | |
Tiefenbronner | Julchen | 70 | All | |
Thuna | Erika | 20 | Aut | 69 |
Thuna | Elsa | 53 | Hon | 69 |
Valfer | Sigmund | 67 | All | 69 |
Valfer | Anna | 70 | All | 69 |
Walhs | Elsa | |||
Walhs | Gérard | |||
Walhs | Karia | |||
Walhs | Willy | |||
Weinwurzel | Géli | 73 | Pol | 69 |
Témoignage de Roger Misrahi, rescapé de la rafle
133(recueilli le 27 mars 1999, jour de la cérémonie commémorative à Alboussière)
134Janvier 1940, ma famille est évacuée à cause du risque de bombardement de Paris, dans un village au Châtelet-en-Berry, dans le Cher.
135À l'armistice, la France est coupée en deux par la ligne de démarcation et nous sommes en zone libre, alors que le Nord est occupé par les autorités allemandes.
136Nous habitons un logement réquisitionné et mes parents, ma mère, ma grand-mère, ma sœur et moi percevons des allocations de réfugiés.
137Nous sommes d'origine juive et notre nom, Misrahi, ne laisse aucun doute. Je vais comme tous les enfants du village à l'école communale et à l'église, avec ma sœur, nous sommes baptisés catholiques par Monsieur le Curé, le 27 avril 1942.
138Deux gendarmes avec, je le suppose, les autorités locales nous font faire nos valises pour libérer le logement.
139Nous sommes emmenés une première fois dans un camp à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales). Nous sommes relâchés rapidement, car ma sœur et moi sommes français et nos parents apatrides, d'origine turque.
140Nous retournons au Châtelet, car nos seuls revenus sont les allocations de réfugiés.
141Nous louons une petite maison à l'écart du village. Quelques semaines plus tard, les gendarmes reviennent nous chercher et nous déposent au camp de Gurs (Pyrénées-Atlantiques), le 2 octobre 1942.
142La nourriture est mauvaise et peu abondante. Nous y restons jusqu'au 20 mars 1943.
143Du camp de Gurs, nous sommes emmenés au camp de Masseube.
144La nourriture y est plus faible et plus mauvaise. J'ai 13 ans et avec ma famille nous souffrons beaucoup de la faim.
145Les vieillards sont nombreux, ma grand-mère a 70 ans et, par mesure de clémence, on nous envoie le 20 août 1943 à Alboussière (Ardèche) dans l'hôtel « Beauséjour » où nous sommes en semi-liberté, nourriture meilleure mais en faible quantité.
146Parmi les personnes âgées, il y a des jeunes docteurs juifs-allemands, des savants et la présence de vieux doit servir de couverture. Ils sont logés au rez-de-chaussée, côté jardin.
147Le 18 février 1944, à 6 heures, l'hôtel est cerné par la Gestapo et quelques soldats des autorités allemandes.
148Les jeunes docteurs se sauvent et ma mère me fait sauter d'une fenêtre, elle s'échappe par un soupirail de cave sous le réfectoire, et dans la rue les voisins la cache, ma sœur et ma grand-mère, hélas, restent.
149Deux camions emporteront les Juifs. Ils passeront au camp de Drancy et seront acheminés en convois vers Auschwitz où ils seront tous exterminés.
150La plaque, aujourd'hui, commémore cette rafle du 18 février 1944 où 57 de ces Juifs ont été enlevés, disparus, dont ma chère grand-mère Rosa Gabay et ma chère sœur Suzanne Misrahi : 70 et 11 ans.
151Moi, Misrahi Roger, je suis le seul survivant de cette rafle pour témoigner et participer à ce devoir de mémoire. J'ai aujourd'hui 69 ans, presque l'âge de ma grand-mère.
X. Camp de Douadic (Indre)
152Le camp de Douadic se situait en dehors du village, dans un champ en bordure de route, à une dizaine de kilomètres de la ville du Blanc.
153Aménagé pour servir de camp de prisonniers pour les soldats allemands en 1939 et 1940, il est utilisé pour les réfugiés français et étrangers arrivant de zone occupée. À partir de novembre 1940, il devient centre de séjour surveillé, administré par le CLC (Commissariat à la Lutte contre le Chômage). Douadic devient ensuite un centre d'accueil géré par le Service social des étrangers à partir du mois de septembre 1942.
154Le camp est composé de baraques faites de planches avec une toiture protégée par un revêtement de papier goudronné. Des fils barbelés entourent le site dominé par deux double miradors.
155Les conditions de vie sont difficiles : chaleur accablante, l'été, difficultés de chauffage, l'hiver, et sol bourbeux, par période de pluie.
156200 internés s'y trouvent en février 1941, composés surtout d'Espagnols, puis des Polonais, des Russes et des Allemands. Les Polonais juifs sont au nombre de 27, dont 6 enfants (rapport signé Edmond Blum).
157Les hommes et les femmes vivent en dortoir séparé et non pas en petits ménages. Les services préfectoraux interdisent toute modification dans la structure pour des aménagements internes.
158Les dortoirs comportent des bat-flancs superposés à un étage. Il n'existe que peu de châlits individuels. Les baraques sont dépourvues de tout confort.
159L'appel du matin a lieu à 9 heures, les repas sont pris à 12h30 et 19h30 et l'appel du soir est fait à 21 h. L'extinction des feux a lieu à 22 h. Les internés sont occupés à des travaux d'entretien, d'aménagement du camp et à des corvées de cuisine. Ils sont autorisés à en sortir dans les limites de la commune, mais il leur est interdit de circuler dans le village et d'acheter dans les fermes sous peine de sanctions, afin de prévenir le marché noir. (Selon un rapport établi à l'attention de la préfecture par un responsable du camp [1].)
160En août 1942, au moment des rafles de Juifs étrangers en zone non occupée, Douadic devient un centre de ramassage et de triage. Les Juifs arrêtés dans le département de l'Indre sont amenés à Douadic où ils sont triés pour séparer les déportables de ceux qui peuvent bénéficier d'exemptions. Ils sont transférés au camp de Nexon (Haute-Vienne), centre de rassemblement pour la région de Limoges, puis vers Drancy.
161D'autres rafles ont lieu en février 1943 et en avril 1944. Douadic sert encore à cette occasion de camp de triage. Il connaît un flux constant d'arrivées, de départs et de transferts d'un camp à l'autre.
162Certaines personnes sont arrivées de la zone Nord où elles ont été arrêtées à la ligne de démarcation et conduite au camp par la gendarmerie.
163À la suite d'un arrêté préfectoral, des internés sont autorisés à travailler. Plusieurs femmes sont placées comme bonnes à tout faire chez des fonctionnaires de Châteauroux, d'autres sont placées au Blanc dans des familles et dans des hôtels. Quelques hommes sont embauchés dans des fermes. Tout autre travail est refusé aux hébergés.
164En avril et mai 1943, des familles sont autorisées à quitter ces lieux insalubres pour être dirigées sur Annecy.
165À la fin du mois de juillet, après intervention de Odette Schwob du bureau régional de l'UGIF de Châteauroux, mesdames Bron, Grynblat, Pintel, Teschner et leur jeune enfant rejoignent également le centre d'accueil des Marquisats à Annecy. Les frais de transfert d'un montant de 3 000 francs sont payés par le bureau UGIF de Gap.
166Des enfants juifs du camp fréquentent l'école communale du bourg durant l'année scolaire 1942-1943. Les enfants Marcel Bransdorfer, Maurice Lewkowicz et Georges Skalka figurent sur la photographie de classe.
167Le service médical est assuré par un médecin français du Blanc et par le docteur Blum, interné au camp, qui exerce en tant qu'infirmier.
168En janvier 1943, le nombre des hébergés est de 134 (34 hommes, 78 femmes et 22 enfants). (Cf. rapport du docteur Blum.)
169Au cours de la deuxième rafle en zone Sud en février 1943, des Juifs arrêtés dans le département de l'Indre transitent par le camp de Douadic pour les opérations de triage. Plusieurs hommes parviennent à s'échapper. Le compte prévu, annoncé au préfet de région n'étant plus respecté, trois jeunes hébergés juifs sont désignés arbitrairement pour compléter le groupe qui rejoint les camps de Nexon et Drancy. Benoît et Joseph Dauman, 18 et 20 ans, Jacob Morgenstein, 19 ans, tous trois de nationalité belge, sont déportés à Majdanek par le convoi 51.
170En mars, l'effectif se réduit à 83 (18 hommes, 45 femmes et 20 enfants). Tous sont juifs.
171Nous citerons, pour exemple, une mesure disciplinaire prise à l'encontre de madame Bransdorfer qui est sanctionnée pour une raison mineure et dirigée avec son fils Marcel, âgé de 11 ans, sur le centre de séjour surveillé de Brens en avril 1943, pour une durée de trois mois.
172Au mois de juin, 113 personnes âgées sont transférées du camp de Gurs à Douadic. L'effectif total passe à 173 (54 hommes, 101 femmes et 18 enfants), ce qui entraîne une situation alimentaire difficile, par ce brusque accroissement de population non attendu.
173Dans son rapport du mois de juin 1943, le délégué régional de la 5e direction fait état des conditions déplorables d'hébergement et de conclure au transfert de toutes les personnes détenues, seule solution « efficiente ».
174En août, l'effectif passe à 185, dont 117 Israélites. 65 Espagnols sont arrivés à Douadic dans le courant du mois et on attend prochainement 46 femmes et 7 enfants venant du camp de Brens. Une partie de ces femmes sont des prostituées.
175Vers l'époque de la Libération, le camp sert au stockage de matériel clandestin pour la Résistance. Le centre d'accueil subsiste jusqu'en octobre 1944.



Camp de Douadic. Femmes internées et leurs enfants. Été 1943. De gauche à droite : Mmes Teschner, Bron, Pintel, Grinblatt, Sylvia Aléon et les enfants Claude, Rosine, Samuel, Marcel

École primaire de la commune de Douadic (année 1942-1943). Enfants du camp : en haut, à gauche, Marcel Bransdorfer, Maurice Lewkowicz. En haut, 3e à partir de la droite, Georges Skalka

École primaire de la commune de Douadic (année 1942-1943). Enfants du camp : en haut, à gauche, Marcel Bransdorfer, Maurice Lewkowicz. En haut, 3e à partir de la droite, Georges Skalka
XI. Centre d'accueil « Les Marquisats » Annecy (Haute-Savoie)
176Le centre féminin des Marquisats près d'Annecy.
177Pour 80 femmes et jeunes filles.
178Établi dans un ancien hôtel.
179Il est très simple mais sympathique.
180Mémoires de René Nodot.
181« Résistance non violente 1940-1944 ».
182Le centre d'accueil des Marquisats est ouvert à partir du 25 janvier 1943. C'est une ancienne pension de famille désaffectée située à environ 2 km du centre-ville, à l'extrémité du chemin de Colmyr, sur les pentes en bordure du lac. Il est destiné à l'hébergement des femmes et des enfants.
18320 femmes juives et 5 enfants internés à Montmélian sont transférés à l'hôtel des Marquisats au début du mois de mars 1943.
184Le 24 mars 1943, le secrétaire général de l'UGIF pour les départements de la Savoie et de la Haute-Savoie, G. Bernheim, adresse un rapport à la 5e direction, 3e section à Sisteron, informant qu'un nouveau directeur, Redon, est en place depuis le 1er mars. Il estime l'hébergement parfait et la nourriture largement suffisante (par les temps actuels) grâce à des dons privés. L'effectif total est de 51 personnes (36 femmes, 15 enfants), 48 sont juives.
185Une liste nominative établie en avril 1943 pour le versement en espèces de secours UGIF comporte le nombre de 68 personnes. (Sommes versées 200 F par adulte et 50 F par enfant.)
186Certaines familles viennent du camp de Douadic.
187La direction du centre cherche à procurer du travail et même à détacher ou à libérer entièrement les personnes ayant trouvé un emploi.
188Dans le courant du mois de juin, des sanctions administratives sont prises à l'encontre du directeur pour détournement de denrées, contre l'assistante sociale pour détournement de dons remis au centre de la part de donateurs privés et contre la directrice adjointe pour complicité de passage clandestin à la frontière.
189À partir du 10 juin, un nouveau directeur, Garnier, venant du centre de Reillanne, est nommé. Une alimentation à peu près convenable continue à être servie aux hébergés avec le concours d'un « comité des dames » de la communauté juive d'Annecy.
190Un cas tragique est à mentionner : celui de Rachel Traurig, âgée de 24 ans, dont le père et un frère ont été déportés de Gurs en fin 1942, qui a demandé le transfert de sa mère de ce même camp au centre des Marquisats pour la rejoindre. Celle-ci n'arrivera jamais à Annecy. (Elle sera arrêtée à Lyon et déportée par le convoi 59.)
191À la fin du mois de juillet 1943, la 5e direction parvient à faire transférer du camp de Douadic au centre des Marquisats 5 femmes et 4 jeunes enfants. Il s'agit de mesdames Aleon, Bron, Grinblatt, Pintel et Teschner, persuadées de rejoindre enfin un lieu plus sûr situé en zone italienne et mieux aménagé pour passer le prochain hiver.
192À cette même époque, sept personnes, Elsa Thuna, 53 ans et sa fille, Erika, 20 ans, madame Heskia et ses deux filles, Alice, 55 ans, et Angèle, 54 ans, mesdames Ottenheimer, 80 ans, et Riemann, 63 ans, sont transférées du centre des Marquisats à celui d'Alboussière. Un sort tragique attend les unes et les autres.
193Grâce au soutien du « comité des dames », des enfants du centre des Marquisats sont admis à l'école primaire du quai Jules-Philippe. Les noms de 9 filles et 7 garçons figurent dans le registre pour l'année 1943. Madame Sura Perla Hepner, qui se trouvait au centre avec ses trois jeunes enfants, se souvient de ces dames qui sont venues chaque fois avec du ravitaillement et se sont occupées des enfants. Elles leur ont donné des tabliers, des cartables, des chaussures, des vêtements. Elles les ont inscrits à l'école d'Annecy.
194Les rapports d'activité de la 5e direction pour septembre et octobre font état de l'absence de fonds qui contraint le délégué UGIF à ne verser des secours aux hébergés que pour des cas exceptionnels. L'alimentation demeure néanmoins suffisante.
195L'occupation italienne dans les huit départements situés à l'est du Rhône, dont la Haute-Savoie où se trouve Annecy, assure une relative sécurité pour les Juifs qui s'y trouvent, jusqu'en septembre, date de la signature de l'armistice avec les Armées alliées et de l'évacuation. Les Allemands occupent maintenant cette zone et la chasse aux Juifs va s'opérer brutalement.
196L'effectif du centre au 2 octobre 1943 est de 46 (32 femmes, 14 enfants, tous juifs sauf une personne).
197Le 16 novembre en fin d'après-midi, la Feldgendarmerie qui a obtenu la communication des listes de Juifs en résidence surveillée rafle toutes les personnes présentes au centre à ce moment. Les écoliers viennent de rentrer, des mères sont à l'extérieur, seules ou avec leurs enfants. Certains hébergés, témoins du drame, parviennent à s'échapper. Les Allemands emmènent 20 personnes, dont 5 enfants : Raymond Heger, 4 ans, Marcel Zylberstein, 8 ans, Liliane Urbach, 11 ans, partent seuls, Félix, 6 ans, et Régine Wodowski, 11 ans, sont arrêtés avec leur maman. Samuel Pintel, sur le point de monter dans le camion militaire, est confié à l'ultime seconde par sa mère à la seule femme non juive du centre, laissée libre, qui le fait passer pour son propre fils [1].
198Les personnes raflées transitent par l'hôtel « Pax » d'Annemasse, (investi par la Wehrmacht, les services de sécurité SD et la Gestapo), avant d'être dirigées vers le camp de Drancy et déportées à Auschwitz pour la plupart par les convois 62 et 63.
199Madame Tauba Pintel, femme de prisonnier, bénéficie d'un sursis. Elle reste au camp de Drancy un temps, puis est détachée au camp annexe « Lévitan » avant d'être déportée à son tour à Bergen-Belsen en juillet 1944 par le convoi n° 80.
200Son fils, confié à la direction « santé » de l'UGIF à Chambéry par sa protectrice après la rafle, est pris en charge par Miron Zlatin et conduit à la maison des enfants d'Izieu.
201Le centre des Marquisats continue son activité jusqu'en août 1944 en hébergeant des étrangers non juifs, dont des familles espagnoles.
Nom | Prénom | Âge | Nationalité | Déportation Convoi n° |
Abramovitch | Eva | 80 | Russe | 62 |
Acouni | Emma | 50 | Grecque | 62 |
Bernheim | Lina | 41 | Française | 63 |
Bernheim | Léopold | 51 | Française | 63 |
Gold | Sarah | 44 | Allemande | 62 |
Gold | Salomon | 66 | Allemande | 62 |
Grinblatt | Rywka | 30 | Polonaise | 62 |
Heger | Raymond | 4 | Française | 62 |
Landeau | Chana | 63 | Autrichienne | 62 |
Petrower | ||||
Petrower | Clara | 38 | Apatride | 62 |
Pintel | Tauba | 34 | Polonaise | 80 |
Rein | Suzanne | 44 | Française | 63 |
Rzeznik | Chaïm | 50 | Polonaise | 62 |
Urbach | Liliane | 11 | Française | 62 |
Winkelmann | Eva | 37 | Suisse | |
Witelson | Stéphanie | 37 | Anglaise | |
Wodowski | Félix | 6 | Française | 62 |
Wodowski | Régine | 11 | Française | 62 |
Wodowski | Sylvia | 45 | Polonaise | 62 |
Zilberstein | Marcel | 8 | Française | 62 |

XII. Camp de Masseube (Gers)
202Le camp se situait à 24 km d'Auch et à 100 km de Toulouse. Il était implanté sur un terrain réservé en vue de l'édification d'une gare sur une ligne en projet Auch-Lannemezan, jamais réalisée.
203Les baraquements avaient été édifiés pour recevoir les réfugiés en 1939- 1940.
204En mars 1943, le camp reçoit des internés du camp de Nexon qui n'ont pas été déportés. Ce sont des personnes âgées, de nationalité allemande, pour la plupart.
205Selon un rapport de la 5e direction de l'UGIF du 20 mars 1943, l'effectif est de 200 à 220 personnes, (dont 80 % d'Israélites). Le 16 juin 1943 l'effectif passe à 350 personnes. Le 1er juillet le camp devient un centre d'accueil à la charge du Service social des étrangers.
206Une liste établie en août par ce service, pour le renouvellement des coupons d'alimentation, compte 301 noms : 48 Espagnols et 253 Israélites (170 femmes, 81 hommes et 2 enfants).
207Des transferts d'hébergés ont eu lieu vers d'autres camps ou centres :
- 8 personnes vers le camp de Gurs en juillet 1943,
- 38 personnes vers le centre d'Alboussière en août 1943,
- 12 personnes vers le centre de Reillanne en août 1943,
- 15 personnes vers le centre de Tombebouc en septembre 1943.
20923 personnes décèdent au centre de Masseube ou à l'hôpital d'Auch entre juillet 1943 et novembre 1945.
210Le camp comportait 16 baraques. 6 d'entre elles étaient aménagées en foyer, cuisine, écurie (où étaient entreposés voiture et chevaux destinés au ravitaillement), infirmerie, magasin à provisions et réserve de matériels divers. 10 baraques étaient aménagées en dortoirs. Le plancher était en bon état, mais puces et punaises pullulaient. Le toit était constitué de briques plates. Deux poêles fonctionnant au bois assuraient le chauffage dans chaque baraque. L'eau potable y était installée.
211Selon le témoignage de Guy Labedan, ancien correspondant du Comité d'histoire de la Seconde Guerre mondiale, le camp fut mitraillé dans la soirée du 10 janvier 1944 par un avion supposé allemand. 14 baraques furent touchées. Il y eut des blessés. Le camp était éclairé la nuit, ce qui pourrait expliquer cette attaque.
212En mai 1945, une enquête menée par le Service social d'aide aux émigrants, qui a repris le contrôle du centre après la disparition du SCSE, relève un effectif de 119 Israélites et de 63 Espagnols.

XIII. Centre d'accueil de Reillanne (Basses-Alpes)
213Situé dans la plaine au sud-ouest de Saint-Mitre, à environ 1,400 km de Reillanne, le couvent Notre-Dame des Prés, abandonné parce qu'insalubre, fut utilisé pour loger successivement des réfugiés espagnols et des détenus des Mille et de Montgrand.
214Le centre d'accueil du Service social des étrangers de Reillanne est ouvert en novembre 1942.
215En mai 1943, un rapport du délégué de la 5e direction, 3e section, de l'UGIF relève un effectif de 37 Israélites sur une population de 60 personnes. Il mentionne l'insuffisance de nourriture et les contraintes prises à l'encontre des hébergés par la direction qui autorise l'utilisation de réchauds électriques, moyennant une rétribution de 60 francs par mois. La lumière électrique peut être utilisée de 22 à 23 heures en payant 10 francs par mois. En outre, un rappel de 3 mois a été demandé aux hébergés qui sont presque tous nécessiteux.
216La nourriture est insuffisante. Elle est indigeste pour les enfants qui souffrent d'entérite. Les hébergés ont créé un comité social qui s'occupe exclusivement du ravitaillement supplémentaire par une collecte de fonds à laquelle s'ajoute une aide versée par l'UGIF.
217Les hommes valides sont contraints au travail (ils coupent du bois de chauffage), les autres entretiennent le jardin potager, les femmes cuisinent.
218Le docteur Braunstein, hébergé lui-même, s'occupe des malades.
219Des permissions étaient accordées le dimanche et jours fériés hors des limites du centre avec une autorisation du directeur.
220En juillet 1943, la population du centre est de 67 personnes dont 44 Israélites (41 hommes, 17 femmes, 9 enfants). Les difficultés de trésorerie de l'UGIF ne permettent plus de verser des secours.
221En août 1943, 12 personnes juives détenues au camp de Masseube sont transférées à Reillanne. Elles sont âgées pour la plupart et resteront jusqu'en mai 1944.
222En septembre 1943, une lettre de l'inspecteur de police adressée au commissaire principal de Digne, en réponse à une demande du préfet des Basses-Alpes, mentionne un effectif de 93 hébergés étrangers composés en majorité d'Israélites allemands et ex-autrichiens, appartenant à toutes les classes de la société et venant des camps, pour la plupart. Il souligne leur bon état d'esprit et ajoute que leur attitude politique et nationale est correcte.
223Le 12 mai 1944, la police allemande, qui avait déjà fait un passage au centre au mois de décembre et qui détenait les listes nominatives, procède à l'arrestation des 54 Juifs présents (23 hommes, 12 femmes et 9 enfants). La plus jeune, la petite Jeanne Renée Élisabeth Braunstein, âgée de 7 mois (elle était née, le 19 octobre 1943, à Marseille), sera déportée avec ses parents, Sigmund, docteur en médecine, de nationalité roumaine, âgé de 36 ans, et de Frymka, polonaise, âgée de 23 ans. Les autres enfants étaient âgés de 2 à 8 ans.



Rapport du chef du centre sur la rafle des Israélites le 12 mai 1944
22419h45... Des grands cris, des coups de feu de toutes parts autour du centre. L'affolement général à l'intérieur.
225Le centre est cerné par une douzaine de policiers allemands qui ont pris rapidement l'autorité nécessaire.
22620 h... Tout le monde est conduit dans la cour. Appel nominatif avec une liste que les policiers détenaient et qu'ils comparent à mon fichier qu'ils ont décroché au bureau du centre.
227Tous les Juifs sont triés et mis à part, puis reçoivent l'ordre de remonter dans leur chambre et de se préparer au départ avec bagages. Des vivres sont distribués à tous ceux qui en veulent. 54 hommes, femmes et enfants sont ainsi désignés.
22821h20... Tous les Juifs présents au centre (sauf une vieille femme de 78 ans sans famille qui m'est laissée) sont à nouveau dans la cour. L'appel final et le départ vers les cars commencent. La distance du centre aux cars est de 400 m environ. Le défilé des vieillards, des malades, des femmes et des enfants est lamentable à voir.
22922 h 30... Tout est fini sans aucun incident regrettable. Les cars partent pour Marseille.
230Observations. La note de service « CAB, 12 624 du 8 octobre 1943 de monsieur le Préfet des Basses-Alpes et la lettre n° 252/43 du 4 octobre 1943 de l'État-Major de Liaison n° 792 à Digne, traitant de l'inspection des organismes français », n'a pas été respectée et je me suis mis à couvert en le faisant remarquer aux policiers.
231Le téléphone du centre était bloqué à la poste.
232Tous les hébergés désirés par la police étaient là. Aucun absent irrégulier ; donc satisfaction des policiers. L'opération qui fut brutale au début a été conduite assez humainement par la suite et jusqu'au départ de Reillanne vers Marseille.
233L'effectif du centre est tombé à 39, dont 24 présents.
234Document : Associations des Amis du Musée de la Résistance et de la Déportation
235(Alpes de Haute-Provence).
Annexe au rapport sur la rafle du 12 mai 1944
Liste des hébergés juifs du centre de Reillanne arrêtés par la police allemande et déportés
Nom | Prénom | Âge | Nationalité | Déportation Convoi n° |
Bibo | Gunther | 51 ans | allemande | 74 |
Binnes | Marianne | 34 | allemande | 74 |
Binnes | Denise | 8 | allemande | 74 |
Binnes | Lilianne | 6 | allemande | 74 |
Birkenfeld | Szulem | 33 | roumaine | 74 |
Braunstein | Sigmund | 37 | roumaine | 74 |
Braunstein | Primla | 22 | roumaine | 74 |
Braunstein | Jeanne | 6 mois | roumaine | 74 |
Brumlick | Emilie | 56 ans | allemande | 74 |
Ebstein | Gerda | 39 | allemande | 74 |
Erzon | Joseph | 64 | polonaise | 74 |
Franck | Chaskel | 61 | roumaine | 75 |
Franck | Herta | 52 | roumaine | 75 |
Hirsch | Elsa | 40 | allemande | 75 |
Hirsch | Hedwig | 68 | allemande | 75 |
Idstein | Otto | 63 | allemande | 75 |
Idstein | Solma | 52 | allemande | 75 |
Immergluck | Sigmund | 65 | polonaise | 74 |
Kohner | Paul | 53 | autrichienne | 75 |
Kohner | Léona | 45 | autrichienne | 75 |
Kurzweil | Porzt | 65 | roumaine | 75 |
Liebmann | Heinrich | 69 | allemande | 74 |
Linker | Norbert | 51 | roumaine | 75 |
Linker | Gertrud | 44 | roumaine | 75 |
Linker | Bernard | 11 | roumaine | 75 |


Linker | Kurt | 6 | roumaine | 75 |
Lowenthal | Sigmund | 78 | allemande | 74 |
Lowenthal | Anna | 66 | allemande | 74 |
Loewinger | Imre | 45 | 74 | |
Moses | Betty | 55 | 75 | |
Neukircher | Julius | 60 | 75 | |
Neukircher | Ema | 58 | 75 | |
Ohrenstein | Israël | 60 | 75 | |
Ohrenstein | Oija | 50 | 75 | |
Ohrenstein | Selma | 25 | 75 | |
Pollar | Frieda | 68 | 75 | |
Rittersporn | Marie | 77 | hongroise | 75 |
Schwartz | Paul | 39 | 74 | |
Schwartz | Jules | 45 | 74 | |
Siegel | Fritz | 36 | 75 | |
Siegel | Liesel | 28 | 75 | |
Siegel | Charma | 6 | 75 | |
Siegel | Pierre | 2 | 75 | |
Sigall | Max | 68 | autrichienne | 74 |
Simon | Frederek | 51 | 74 | |
Singer | Wilma | 44 | hongroise | 74 |
Sevi | Salomon | 45 | 74 | |
Wajgarten | Esther | 39 | 74 | |
Wajgarten | Joseph | 8 | 74 | |
Wajgarten | Lydia | 2 | 74 | |
Weil | Léon | 74 | allemande | 74 |
Weil | Paula | 68 | allemande | 74 |
Zimmern | Heinrich | 71 | allemande | 75 |
Zimmern | Anna | 69 | allemande | 75 |
Liste des hébergés juifs du centre de Reillanne arrêtés par la police allemande et déportés

Caserne Montfort à Montmélian

Caserne Montfort à Montmélian
XIV. Centre d'accueil de Montfort à Montmelian (Savoie)
236Par décision du préfet de la Savoie en 1937, la caserne Monfort, dernier vestige du couvent des Dominicains est réquisitionnée pour accueillir des réfugiés espagnols, puis, à partir de 1940, des étrangers de toutes nationalités et des Juifs.
237Le centre d'accueil n° 7 bis est ouvert le 9 juin 1942. Il abrite des travailleurs jugés inaptes.
238Un rapport établi par le rabbin Robert Meyers le 11 septembre 1942, adressé au siège de la commission des camps UGIF à Toulouse, nous informe que 35 personnes du précédent contingent sont parties pour une destination inconnue dans la nuit du 25 au 26 août.
239Un nouveau contingent, venant de Rivesaltes en majeure partie, vient d'arriver. Il comprend une vingtaine de femmes, une quinzaine d'enfants, ce qui porte l'effectif total du centre à 50 personnes environ. Sur ces 15 enfants, 4 sont orphelins. Il s'agit de garçons de 7, 14, 16 ans et d'une fillette de 17 ans. Les onze autres ont leur mère sur place, mais leurs pères ont été déportés.
240Parmi les internés du camp de Montmélian, se trouve le docteur Rosenthal qui est chargé officiellement de tout ce qui concerne l'hygiène et la santé des pensionnaires.
241Les enfants n'ont ni chaussures, ni vêtements chauds. Ils sont mal nourris. Les pensionnaires se plaignent de l'insuffisance de nourriture. Le commandant fait ce qu'il peut avec ce dont il dispose en subvention versée par le Service social, c'est-à-dire 12 francs par jour et par pensionnaire.
242Le rabbin Meyers attend avec impatience toute aide matérielle de l'UGIF pour soulager ces misères.
243Le 30 septembre 1942, le directeur du centre Montfort adresse au maire de la ville de Montmélian une liste d'hébergés, ainsi que celle de deux travailleurs étrangers, russe et autrichien et des trois membres du personnel d'encadrement, tous français.
244Cette liste comporte les noms de 34 personnes juives (4 hommes, 18 femmes et 12 enfants ou adolescents).
245Dans un autre rapport établi le 1er décembre 1942, il relève une quarantaine de personnes, dont 13 enfants âgés de 12 à 18 ans, une vingtaine de femmes et une dizaine d'hommes.
246Les enfants sont sous-alimentés. Il demande de leur adresser d'urgence des colis de vivres ou une subvention spéciale qui serait remise à l'assistance sociale du centre, mademoiselle Warschawiak, qui se chargerait de compléter l'ordinaire et de leur fournir du lait, des fruits et des pommes de terre.
247Un rapport d'activité de la 5e direction, 3e section, établi pour les mois de janvier et février 1943, mentionne que le centre de Montmélian est confié au bureau d'Annecy.
248Vingt femmes Israélites accompagnées de cinq enfants, internés dans ce centre, dont les noms figurent sur la liste du mois de septembre 1942, ont été transférés à l'hôtel des Marquisats à Annecy (Haute-Savoie), où les conditions de vie sont moins mauvaises.


Centre Montfort à Montmélian (Savoie). Lettre adressée par madame Emma Acouni au bureau de l'UGIF, 5e direction, 3e section, à Sistéron (Basses-Alpes), le 18 juin 1943


Nom | Prénom | Âge | Nationalité | Déportation Convoi n° |
Abramezik | Kajla | 35 ans | polonaise | 27 |
Baer | Elsa | 43 ans | allemande | 27 |
Baer | Johanna | 49 ans | allemande | 27 |
Baer | Lotte | 22 ans | allemande | 27 |
Balsam | Elsa | 28 ans | apatride | 30 |
Bodenheimer | Martha | 32 ans | allemande | 30 |
Frank | Frédérique | 52 ans | allemande | 30 |
Herbst | Gertrude | 40 ans | allemande | 27 |
Hirsch | Hildegard | 39 ans | allemande | |
Jacoby | Irmki | 30 ans | allemande | 27 |
Kahn | Gertrude | 41 ans | allemande | 27 |
Kahn | Selma | 35 ans | allemande | 27 |
Katzenstein | Eva | 48 ans | allemande | 27 |
Katzenstein | Marianne | 30 ans | allemande | 27 |
Krell | Anna | 35 ans | russe | 30 |
Levy | Jeanne | 21 ans | allemande | 29 |
Michel | Martha | 50 ans | allemande | 27 |
Moch | Rosa | 37 ans | allemande | 27 |
Nathan | Berti | 19 ans | allemande | |
Nathan | Rosa | 44 ans | allemande | |
Neuberger | Hilde | 46 ans | allemande | 27 |
Rothschild | Martha | 43 ans | allemande | 30 |
Schneemann | Erna | 35 ans | allemande | 30 |
Schneider | Else | 34 ans | allemande | |
Sebastian | Lina | 57 ans | allemande |


Seidmann | Elsa | 43 ans | allemande | |
Seligmann | Clara | 48 ans | allemande | 27 |
Seligmann | Willy | 49 ans | allemande | 27 |
Warszawiak | Mina | 32 ans | polonaise | |
Wolff | Ella | 46 ans | allemande | 27 |
Wurmser | Tilly | 51 ans | allemande | 30 |
Centre d'accueil Montfort à Montmélian. Groupe d'internés du centre. 2e à gauche, madame Suria Hepner et deux de ses enfants




Pour conclure
249Un rapport d'ensemble sur le Service du contrôle social des étrangers, établi en décembre 1944 par la direction des services de la main-d'œuvre collective du ministère du Travail, précise que, pour l'année 1943, celui-ci a assuré l'hébergement de plus de 5 000 personnes et distribué 20 000 000 de francs à des familles nécessiteuses sur un budget de 55 000 000 de francs consacré aux seuls étrangers, déplorant n'avoir obtenu qu'un financement limité avec des moyens réduits face à l'incompréhension des services publics.
250Ce service aurait protégé les étrangers et leur famille, en particulier lors des déportations, en parvenant à soustraire des Juifs des convois du camp de Gurs. Par une attitude active de certains agents, ce service aurait été mis à l'index des autorités de Vichy, considéré comme étant en dehors de la ligne de conduite officielle tracée, voire de pratiquer une politique antigouvernementale.
251En février 1945, Henri Maux, dans une attestation rédigée en faveur de Gilbert Lesage, a rappelé l'action courageuse de ce dernier pour soustraire des Israélites étrangers des rafles menées en août 1942. (Le commissaire principal Mortier de la police judiciaire enquêtera d'ailleurs sur les agissements généraux du Service social des étrangers sur ce sujet, sans pour autant établir à quels services les fuites étaient imputables.)
252En revanche, selon un rapport de septembre 1942, ayant pour objet la situation des Juifs en France, établi par l'UGIF sur le rôle des équipes sociales dans les camps de triage, on lit que le principal souci du Service social fut de sauvegarder les « Aryens » qui auraient pu être compris, par erreur, parmi les déportés, sans se soucier si le fait pour eux de les sauver entraînait la déportation d'autres personnes, puisqu'il fallait fournir un nombre établi de victimes. Ce service n'aurait pas tenu compte dans l'ensemble des mesures d'atténuation prévues. Il ne se serait pas montré à la hauteur de sa tâche.
253La politique antijuive d'exclusion et de persécution mise en place par le gouvernement de Vichy dès le mois de septembre 1940, spoliant les Juifs de leurs biens, les privant de toutes ressources, les réduisant à l'état de nécessiteux, par les statuts des Juifs, les lois autorisant l'internement des étrangers de « race juive » dans des camps spéciaux et prescrivant leur incorporation dans les GTE, est suivie ensuite d'une politique de regroupement des familles et d'aide charitable aux personnes démunies de ressources.
254C'est dans cet esprit qu'en novembre 1941 Henri Maux, commissaire adjoint à la lutte contre le chômage, adresse une note à Xavier Vallat, sous-secrétaire d'État à la tête du CGQJ, dans laquelle il propose un système d'utilisation de la main-d'œuvre en ouvrant des chantiers de travailleurs manuels dont l'encadrement serait assuré par des intellectuels de « même race », placés sous la responsabilité d'un « Aryen ». Cette organisation présentant le double avantage :
- d'utiliser les compétences techniques des Israélites de la façon la plus conforme aux intérêts nationaux, en contrepartie de l'assistance matérielle que l'État leur donnerait pour leur subsistance ;
- de présenter l'avantage non négligeable de grouper les Juifs de toutes catégories pour assurer, dans les meilleures conditions, une surveillance qui serait impossible s'ils étaient dispersés.
256Nous sommes très loin des motivations généreuses d'aide sociale et d'assistance à l'origine de la création de ce service exposées dans ce rapport.
257La mise en activité des différents centres d'accueil créés à cet effet s'est effectuée de mai 1941 jusqu'à octobre 1943. Les trois premiers étaient le château de Grammont à Ceyzerieu dans l'Ain, « colonie pour enfants étrangers », Pont-la-Dame près d'Aspres-sur-Buech dans les Hautes-Alpes et la villa Pomponne près de Montauban dans le Tarn-et-Garonne, qualifiés de « centre familial de nationalités diverses ».
258Les Juifs ont occupé majoritairement ces lieux, maintenus en résidence surveillée, fichés, à la disposition des autorités de Vichy et de l'occupant allemand.
259Les chefs de centres étaient tenus d'établir et de tenir à jour, entre autres, les registres de comptes, situation des effectifs et contrôle nominatif des hébergés. Ces listes étaient communiquées aux délégations régionales, à l'administration centrale à Vichy qui par la voie hiérarchique les transmettaient aux services de police.
260Le directeur général adjoint de la police nationale, Henri Cado, adresse le 12 juillet 1943 une circulaire aux préfets de la zone Sud dans laquelle il demande de constituer en urgence le fichier complet des étrangers en résidence libre, les assignés à résidence, les hébergés, les internés et les détenus, et d'en informer le commandant allemand de la police de sûreté dont les services seraient habilités à le consulter. Le manque de moyens matériels le contraignant à ne pas pouvoir leur communiquer directement les copies du fichier.
261Contrairement aux allégations de Gilbert Lesage, affirmant qu'aucun centre d'accueil n'avait fait l'objet d'arrestations d'hébergés, le centre de Montmélian est raflé en août 1942, l'hôtel « Beauséjour » d'Alboussière occupé par des personnes âgées, l'hôtel « Les Marquisats » d'Annecy occupé exclusivement par des femmes et des enfants et le centre de Reillanne sont raflés par la police allemande en 1943 et 1944. Des hébergés du camp de Douadic sont désignés arbitrairement pour compléter une liste de Juifs arrêtés, en transit, en février 1943.
262Certains hébergés transitent vers d'autres centres ou camps, sans motif déclaré, d'autres y décèdent.
263Les hébergés juifs, sans attache, sans famille, dénués de tout, s'en remettent à l'autorité « protectrice » des chefs de centres, pétainistes convaincus, répressifs ou tout simplement passifs, mais aux ordres de leurs supérieurs et surtout totalement impuissants face aux décisions des préfectures et aux actions de l'occupant allemand. Ils demeurent dans ces lieux à la sécurité précaire, dans la crainte permanente de rafles, jusqu'au temps de la Libération, échappant ainsi à la déportation, malgré une circulaire de la direction générale de la police nationale adressée en avril 1944 aux préfets régionaux de zone Sud leur ordonnant de communiquer aux autorités allemandes qualifiées les listes d'Israélites français et étrangers lorsqu'elles en font la demande.
264Que certains de ces centres leur aient apporté un répit, voire un sursis, à leur persécution, dans des conditions d'existence matérielle et morale que l'on qualifierait aujourd'hui de supportables, on peut en convenir, mais on y oppose les autres, dernières résidences pour les « hébergés », qui ont rejoint les 76 000 déportés juifs de France vers les camps d'extermination.
265Il est temps de reconnaître que ces centres n'ont été que des lieux de détention, sans barbelés, ni miradors, mais totalement intégrés dans la spirale concentrationnaire.
J'exprime ma reconnaissance aux personnes dont les noms suivent qui, par leur appui, m'ont permis de réunir de précieuses informations, témoignages et documents. Je remercie tous ceux qui ont répondu à mon appel et participé au travail de mémoire.
J'ai surtout retrouvé des témoins, ce qui a donné un sens à mes recherches.
Francie Alpert, Simon Axelrad, Raymond Bajzman, Georges Bensoussan, Daniel Bernardet, Georges Billard, Jeanne Billard, Jacques Blanchard, Bernard Bosson, Lucien Boutillier, Marcel Bransdorfer, Chaja Bron, Rosine Bron, Jean et Jeanne Brousse, Pascal Caïala, Régine Chouzenoux, Maurice Clément, René Combe, Brigitte et Michel Coupat, Alfred Coutarel, René Deblache, Rosa Demartini, Philippe Dereusme, Jacques Du Bay, Thérèse Dumont, Jacques Fischof, Joseph Frankenstein, Michel Germain, Vincent Giraudier, Gérard Gobitz, Jean Grazon, Anne Grynberg, Marcel Grynblat, Léon et Maurice Hepner, Sura Hepner, Serge Klarsfeld, Liliane Klein-Lieber, Sam Krouck, Jeanne Lagarde, Rémy Lassalas, Esther Leff, Ginette Lecoindre, Maurice Lustyk, Miette Letrait, Alain et Maurice Lewkowicz, René L'Herminé, Henri Malberg, Victor Minc, Roger Misrahi, Nicole Mokobodski, André Moncassin, Robert Moos, Charles Muller, Pierre Neyrinck, Jean-Louis Panicacci, David, Léon et Salomon Perahia, Olivier Pettinotti, Hélène Rakowiez, Germaine Ribière, Roger Rinchet, Guy Savigny, Betty et Jo Saville, Véronique Saviuc, Pasteur Schmid, Marcel Scribe, Georges et Janine Sibert, Camille Sylvestre, Claude Teschner, Malka Teschner, Suzanne Urbach, Hélène Vermare, Léon Vermont, Marie-Juliette Vielcazat, Dorothée Vienney, Fernande Waligora, Rachel Weber, Jeannette et Salomon Zielenicki, Agnès et Babette Wodowska.
Mes remerciements s'adressent plus particulièrement à mesdames Sarah Mimoun et Karen Taieb du Centre de Documentation Juive Contemporaine, pour l'aide qu'elles m'ont apportée, avec compétence et dévouement.
Notes
-
[1]
« [...] Le Service social des étrangers, qui avait pour mission d'améliorer la vie dans les camps, se révélait à l'usage comme auxiliaire des services de police qui facilitait dans une certaine mesure le travail de préparation des listes précédant les déportations.
Il faut ajouter, toutefois, que dans certains camps de triage, les assistants ou assistantes sociaux de ce service firent tout ce qu'ils purent pour empêcher que des injustices ne soient commises. Mais il leur fut impossible de s'élever contre le désir des autorités dont ils faisaient administrativement partie intégrante. »
D'après le document UGIF, « Rapport sur la situation des Juifs en France, septembre 1942 » (archive CDJC, CDXXX-13). -
[1]
On lira l'extrait du rapport du commissaire Mortier de la direction générale des services de police judiciaire, consacré à Gilbert Lesage.
-
[1]
Mentionné dans l'ouvrage de Jacques Blanchard, Le Camp de Douadic (1994).
-
[1]
Que cette personne, dont j'ignore le nom et que je recherche, se manifeste en lisant ces lignes.